Becoming Karl Lagerfeld est une adaptation libre de la biographie de la journaliste Raphaëlle Bacqué Kaiser Karl, dont elle devait à l'origine prendre le nom. C’est cette même journaliste qui est co-autrice de la série Disney aux côtés de Jennifer Have et d’Isaure Pisani-Ferry.
Pour préparer son rôle, Daniel Brühl s’est plongé dans la vie du créateur. A regardé les films qu’il aimait, est allé au cinéma Champo où Karl allait souvent, et a même relu Proust. Mais Lagerfeld était très contradictoire rendant la compréhension de son personnage assez compliquée. Il mentait sur son âge, racontait des histoires différentes à chaque interview, portait des talons pour se grandir et des corsets pour affiner son apparence. “J’ai très tôt eu cette image d’un matador, macho mais féminin à la fois”, “Je l’ai trouvé très touchant, car c'était un petit imposteur et je l'étais aussi quand j'étais jeune”, “ J'ai dû faire des choix, trouver ma propre vérité. Ça a été un chemin.”
La série de 6 épisodes est réalisée par Jérôme Salle (Ep.1-2-6) et Audrey Estrougo (Ep.3-4-5). Tous deux venant du cinéma, ils s'étaient déjà prêté à l’exercice du biopic : Audrey Estrougo avec Suprêmes, un film consacré au groupe NTM et Jérôme Salle avec L'odyssée sur le commandant Cousteau.
Daniel Brühl, qui incarne Karl Lagerfeld, a déjà été photographié par le grand créateur pour la couverture d’un magazine il y a vingt ans. L’acteur dit s’être mis à l’écart de la foule d’acteurs voulant poser et le couturier lui aurait fait un petit sourire comme s’il se disait : “Oh, c'est cool. Tu ne veux pas faire partie de ce cirque”. Lors du même shooting photo, le grand créateur a reconnu l’acteur pour son rôle dans Good Bye Lénine et a invité toute son équipe pour voir le film. D'après l’assistante du styliste, il a déclaré ensuite, être devenu fan de l’acteur.
L’acteur canadien Théodore Pellerin a été choisi pour incarner le charismatique dandy Jacques de Bascher qui fut le grand amour de Karl Lagerfeld. Ce jeune acteur âgé de 25 ans est une étoile montante qui fait sa place dans l'industrie du cinéma international. Il raconte que ce rôle est entré dans sa vie comme un cadeau.
“Je pense qu’une des choses qui m’a le plus fascinée sur Jacques c’était son érudition et son désir central d’écrire puis d’être artiste, qui restait pour lui une impossibilité. Il faisait de lui-même un personnage et était constamment dans une auto-fiction (...) Donc ça me fascine et je crois que ça me touche aussi, car il est mort jeune et j’ai l’impression que s’il avait vécu plus longtemps peut-être qu’il aurait pu écrire “
Après avoir rencontré Théodore Pellerin (Jacques de Bascher), Daniel Brühl (Karl Lagerfeld) s’est dit être rassuré d’avoir une certaine alchimie avec l’acteur. Lui qui n’avait jamais joué une relation amoureuse entre deux hommes explique avoir vu sa relation avec Théodore Pellerin comme un cadeau qui lui a permis d’aller plus loin dans son jeu : J’ai appelé ma femme et je lui ai dit : “Mon amour je suis amoureux d’un homme !” et elle m’a répondu “J’aime beaucoup cet acteur, et bien on a une relation ouverte !”
Dans le premier épisode, on assiste à un des premiers défilés cultes de Karl Lagerfeld pour la maison Chloé, la collection 1973 printemps-été. Un moment clé de la série où l’on comprend que le créateur allemand deviendra le roi de Paris. Les vêtements du patrimoine étant trop fragiles, les actrices n’ont pas pu les porter et il a fallu les reconstituer. La créatrice de costumes césarisée Pascaline Chavanne a obtenu l’accord de Chloé pour tout reproduire à partir des dessins de Karl, d’archives, d’échantillons. Un travail long et minutieux pour quelques secondes d’apparition dans la série...
Arnaud Valois dans son rôle d'Yves Saint Laurent a révélé une perspective intrigante sur la complexité du célèbre couturier. Selon Valois, Yves Saint Laurent était un homme aux multiples facettes, chaque facette étant influencée par la personne avec qui il se trouvait. Il était différent en présence de Pierre Bergé, Karl Lagerfeld ou Jacques de Bascher. L’acteur souligne qu'il a approfondi sa compréhension du personnage en travaillant avec Pascaline Chavanne, la costumière de la série, lui permettant ainsi de livrer une interprétation nuancée et authentique de l'icône de la mode. “D’essayages en essayages Yves Saint Laurent arrivait”
Becoming Karl Lagerfeld dépeint un Yves Saint Laurent encore jamais vu, épuisé par son travail. Mais ce n'est pas si loin de la réalité. Arnaud Valois, pour incarner ce personnage, a perdu 15 kilos en 2 mois, ce qui n’a pas été sans conséquence. Pendant plus de trois mois, l'acteur a souffert d’une conjonctivite et d’un lumbago persistant; “Je me disais que je ne pouvais pas refaire quelque chose tout de suite après tellement c'était épuisant [...]”
Alex Lutz offre une vision saisissante du célèbre partenaire d'Yves Saint Laurent. L’acteur aborde le personnage en reconnaissant la perception publique de Pierre Bergé comme étant le "méchant" de l'histoire, une figure difficile et anguleuse. Mais Lutz va au-delà de cette surface et comprend que Bergé porte le poids écrasant de la maison YSL et fait face à la dérive psychologique de l'homme qu'il aime, Yves Saint Laurent. Cette charge émotionnelle crée de la méfiance et de l'aigreur chez Bergé, le poussant à se créer une carapace protectrice. En explorant cette fragilité cachée, Lutz offre une interprétation nuancée et empathique de Pierre Bergé, permettant aux spectateurs de voir au-delà de l'image publique.
La série ne se contente pas de raconter la vie de Karl Lagerfeld, Jacques de Bascher et Yves Saint Laurent, elle met également en avant des femmes marquantes. On y retrouve Paloma Picasso, créatrice de mode et fille de Pablo Picasso, jouée par Jeanne Damas, fondatrice de la marque Rouje. Agnès Jaoui interprète Gaby Aghion, la fondatrice de la maison Chloé qui a lancé Karl Lagerfeld. Marlene Dietrich, la célèbre chanteuse et actrice allemande, est incarnée par Sunnyi Melles. Enfin, Loulou de La Falaise, créatrice de vêtements et bijoux et proche amie d’Yves Saint Laurent, est représentée par Claire Laffut.
La showrunneuse Isaure Pisani-Ferry et le réalisateur Jérôme Salle ont affirmé n’avoir pas fait le tour de la vie du créateur. En effet, ils jugent avoir encore des choses à raconter et souhaiteraient donc prolonger la série avec une deuxième saison si l'audience et les retours le permettent.
La vie de Karl Lagerfeld de 1972 à 1982 est vue à travers les yeux de l’énigmatique et charismatique provocateur Jacques de Bascher, le grand amour de sa vie. Ce séduisant dandy, presque sorti d'un roman de Proust, est un personnage clé bien que peu connu du grand public. À 20 ans, Jacques, qui vit une vie de fêtes et d'excès, rencontre Karl au Nuage, un club parisien, et devient son compagnon pendant près de dix-huit ans. Leur relation, platonique mais intense, repose sur des échanges intellectuels et artistiques, faisant de leur couple une véritable symbiose créative. Mais Jacques devient l’amant d'Yves Saint Laurent en 1973, brisant l'amitié entre Lagerfeld et Saint Laurent. Jacques meurt du sida à 38 ans, toujours uni à Karl par un amour profond qui n'eut plus de relations amoureuses par la suite.
Lorsque le grand styliste allemand emménage à Paris à 19 ans, alors la capitale de la mode, Karl Lagerfeld passe ses journées au cinéma pour travailler son accent français. Dans la série, il est interprété par Daniel Brühl, qui en plus de partager la même patrie d'origine que lui, est lui aussi polyglotte, maîtrisant l'allemand, l'anglais et le français. Mais n’ayant pas le même accent allemand, l’acteur prend ici un autre accent afin de rentrer véritablement dans le personnage mythique.
Pour habiller les acteurs, la chèfe costumière Pascaline Chavanne (2 César et 10 nominations), s’est appuyée notamment sur les documentaires d'époque mais ne souhaitait pas recopier à l’identique les tenues que porte le créateur. En effet, l’artiste belge souhaitait “donner à travers le vêtement, les outils justes à un acteur pour l’aider à incarner son personnage”. Au total, 3 000 costumes ont été utilisés dans la série, dont 160 entièrement créés par les ateliers de couture de Pascaline Chavanne.
Lors de la scène d’entrée de Karl, on découvre au même moment que Jacques de Bascher, un homme grandiose et plein d’assurance portant des fantastiques bottes rouges. Pascaline Chavanne, la costumière de la série, explique que ces bottes ont été fabriquées en deux morceaux : il s’agit en réalité d’une bottine avec par-dessus une cuissarde. Lorsque l’acteur Daniel Brühl les a essayées, elle raconte : “ (...) il s’est mis à claquer des talons comme un toréro, un matador. Il s’est alors écrié : "Là, ça y, je suis Karl." Il venait d’entrer pleinement dans le personnage et de le comprendre.”
Daniel Brühl a tenu à dessiner lui-même les croquis que l’on voit dans la série. Et malgré le fait que l’acteur soit gaucher et Lagarfeld droitier, il a décidé de rester confortable comme Karl l’aurait été. Il dit avoir voulu garder la liberté de créer son propre personnage, comme une interprétation, et de ne pas prétendre être le vrai Lagerfeld.
Dans la série, on rencontre Paloma Picasso, créatrice de mode et femme d’affaires franco-espagnole, qui fut la muse et l'amie de Karl Lagerfeld, mais aussi d'Yves Saint Laurent, son rival. Elle est interprétée par Jeanne Damas, designeuse française et fondatrice de la marque de prêt-à-porter Rouje. L’incarnation de la self-made-woman française confie à Vogue se retrouver dans Paloma Picasso : “Il y a des similitudes, notamment dans son style des années 40 qui est proche de celui de Rouje : avec des fleurs dans les cheveux, des imprimés à pois, son rouge à lèvres rouge signature bien sûr... Elle avait ce côté business woman avec sa propre marque de bijoux, d'accessoires et de cosmétique”.
Ce n’est pas la première fois que Théodore Pellerin se prête à un exercice linguistique. En effet, celui qui porte dans cette série un parfait accent parisien est en réalité québécois. Une gymnastique qu’il maîtrise très bien et dont il mesure la difficulté, lui qui a tourné en anglais dans la série Franklin.
Le tournage a durée cinq mois, avec des scènes filmées à Paris, Monaco et Rome. Une diversité de lieux qui permet de recréer fidèlement les différentes étapes de la vie de Lagerfeld. La série réunira à l'écran plus 2 200 figurants qui évolueront dans plus de 40 décors différents.
Après la série The new look et les films The House of Gucci, Yves Saint-Laurent ou encore Coco before Chanel, Becoming Karl Lagerfeld rentre dans le cercle des biopic sur les grands créateurs de mode.
Le personnage de Karl Lagerfeld n’était apparu qu’une seule fois sur les grands écrans dans le film Yves Saint-Laurent incarné par Nikolai Kinski. On y voit aussi Pierre Niney dans la peau de Yves Saint Laurent, Guillaume Gallienne en tant que Pierre Bergé, et Xavier Lafitte incarne Jacques de Bascher. Dans le film Saint Laurent, c’est Gaspard Ulliel qui se prête au jeu de Saint Laurent, Louis Garrel en Jacques de Bascher et Pierre Bergé est joué par Jérémie Rénier.
Présentée à CannesSéries en hors compétition, la première mondiale de Becoming Karl Lagerfeld a été précédée d’un faux défilé de mode sur les marches du tapis rose du festival. Un faux défilé qui fait référence à ceux donnés par Lagerfeld lorsqu’il était directeur artistique de Chloé
Pour habiller les figurants, Pascaline Chavanne confie avoir beaucoup chiné afin de trouver des pièces vintages. Elle a même déniché aux puces une robe et un chemisier portant les motifs de la maison Chloé, motif qu’on aperçoit à plusieurs reprises sur les acteurs principaux.
Secrets de Tournage rédigés par Romane Balderani & Nina Dorso