"Karl Lagarfeld", ça vous évoque un vieux Monsieur avec des lunettes de soleil qui fait la tronche ? Allez, suivez (l'excellentissime) Daniel Brühl, qui agite frénétiquement son éventail pour dépoussiérer notre image du modiste, nous plongeant assez rapidement et facilement dans sa jeunesse, son intimité, ses échecs, dont le principal : son jeune amant qui lui échappe continuellement... On pensait s'ennuyer, et dès le premier épisode, on était dedans : le rythme est bon, la photo est travaillée, les reprises musicales de grands tubes sont souvent des réussites (on a sorti le téléphone pour Shazamer...), et on tourne autour du plus grand atout de la série (alors nommons cet éléphant au milieu de la pièce), son casting. Daniel Brühl s'approprie le personnage en deux secondes et demi, et flamboie jusqu'au dernier épisode (avec quelques scènes émotions où son visage impassible lutte avec son regard embué et une veine qui gonfle sur son front : impressionnant), Théodore Pellerin est également à mille pour cent dans ce rôle de jeune homme qui se cherche (la jeunesse de Jacques est incompatible avec l'absence de Karl, mais tout le ramène vers lui inlassablement), et en solides rôles secondaires, on peut trouver quelques bonnes surprises comme Agnès Jaoui et Alex Lutz. On avouera quand même que les épisodes 2 et 3, qui prennent la tangente sur le point de vue de Karl, pour se concentrer sur celui de Jacques, sont moins palpitants et intéressants (bien que nécessaires pour bien comprendre les décisions de ce personnage dans la suite, et surtout le final), un petit coup de mou qui heureusement s'arrête avec le début de l'épisode 4 qui repasse directement la sixième vitesse (on s'est fait attraper par l'émotion de la scène "Take On Me"...). Aussi, le final jure avec le reste de la série : le premier épisode vous cueille quel que soit votre niveau de connaissances sur Karl, vous accompagne en vous expliquant patiemment tous les enjeux de sa vie, mais la dernière scène de la série, à l'inverse, part du principe que vous connaissez la suite. On aurait aimé un petit carton pré-générique, pour nous dire que Karl Lagarfeld va
effectivement accepter l'offre de Chanel, que Jacques va être dépisté séropositif juste après, et que Karl l'accompagnera jusqu'à son dernier souffle en 1989.
Aussi, contrairement à ce que la série laisse entendre, les deux amants n'auraient jamais consommé leur relation, s'en tenant à une fascination, un fantasme platonique. On ne peut que vous recommander cette série portée par le dynamisme de son casting, par quelques scènes émotions (sur une BO qui claque) qui nous ont eu, par un binôme Daniel Brühl et Théodore Pellerin qui casse l'écran à chaque scène.