Cette série animée Netflix restera dans les mémoires pour grand nombre de raisons.
Tout d’abord, c’est la meilleure adaptation de jeux vidéo à ce jour. Les auteurs ont déjà vu toutes les adaptations ratées de jeux vidéos, pour savoir qu’il faut adapter au média de l’animation, plutôt que de décalquer des séquences de gameplay ou allonger des cinématiques du jeu pour en faire une oeuvre à part.
Une des qualités majeures, c’est qu’il n’est pas nécessaire de connaître l’univers du jeu pour apprécier la série. Le jeu étant déjà influencé par de nombreuses œuvres connues, on s’immerge sans difficultés dans cet univers, mélange de lutte des classes, de 18ème siècle steampunk, où les anachronismes évidents restent cohérents tout du long avec le canon de la saga.
On saluera le travail de fou sur l’écriture des personnages, des deux sœurs dont les chemins se sont séparés, ayant fait des choix de vies radicalement opposés, aux personnages secondaires, avec chacun leur propre motivation, leurs qualités et défauts, leur grandeur et leur part d’ombre. Aucun personnage n’est noir ou blanc, c’est le plafond de verre des milliers de shonen japonais.
La direction artistique défonce, avec ce mélange subtil de peinture et de 3D, donnant un effet unique, une patte artistique, qui se fond avec le reste de l’univers. Des panoramas sur la ville de Piltover aux ruelles étroites, chaque plan, chaque scène a un sens visuellement parlant, et sert l’intrigue.
Les intrigues de pouvoirs, de famille, d’amitié ont un sens par elles-mêmes, et dans leur ensemble, la progression de chacune entraînant les autres intuitivement.
Un des points noirs récurrents aux animés occidentaux le rythme : ici, chaque épisode mélange de grandes séquences d’actions monumentales et maîtrisées, et des scènes plus calme, voir onirique, où l’espace d’un instant les enjeux majeurs laissent place à des thèmes plus posés.
La bande-son est juste géniale, mélange de musique orchestrale et de pistes de rock, rap, qui font cracher votre sono. Le générique d’ouverture, signé Imagine Dragons met immédiatement le téléspectateur dans l’ambiance.
Le studio d’animation français Fortiche Production frappe fort avec sa première série animée, réussissant une série tous publics, audacieuse, référencée, jouissive, maîtrisée de bout en bout et diablement immersive, signe que les animés avec du fond et de la forme ne sont pas l’apanage d’une poignée d’œuvres japonaises.