ARCANE vient de se terminer sur Netflix et il serait vraiment regrettable de passer à côté de ce petit bijou qui pourrait bien être la meilleure chose que la plateforme nous ait offerte.
Le studio français Fortiche nous livre un chef-d’œuvre de l’animation, à la fois visuel et narratif, et prouve une nouvelle fois à quel point la France excelle dans ce domaine.
Alors, je vous le concède, la série est l’adaptation d’un jeu vidéo, et ça peut faire très peur. Mais League of Legends, dont est tirée l’histoire, n’est pas un jeu scénarisé, ce qui a permis aux créateurs de la série d’avoir une immense liberté qu’ils ont admirablement exploitée.
On va commencer par l’évidence même : visuellement, c’est grandiose et va même enterrer la plupart des productions cinématographiques actuelles. Le studio apporte à son animé une patte graphique unique, avec un rendu peinture 2D créant des tableaux animés où chaque plan est un chef-d'œuvre.
L’animation, par moments, multiplie les styles graphiques et brille constamment par ses idées de mise en scène. Rien que les génériques des saisons 1 et 2 sont des petits bijoux au point d’être parmi les plus marquants de ces dernières années, avec ceux de GoT ou SERVERANCE.
La direction artistique est époustouflante : les personnages, les décors rétrofuturistes et le déluge de couleurs plongent le spectateur dans un univers fascinant en en prenant plein les yeux.
D’autant plus que la fluidité de l’animation, son dynamisme et son sens du cadre sont exemplaires et viennent enfoncer le clou.
Il y a énormément de scène d’action et à chaque fois c’est le même constat : on est bluffé par ces séquences pour leur mise en scène et leur dynamisme, tout en gardant une lisibilité constante de l’action. C’est du grand art et ça ridiculise la plupart des blockbusters que l’on peut voir au cinéma.
La musique est extrêmement présente et offre quelques séquences dignes de véritables clips musicaux.
Le récit étant condensé en 18 épisodes, ces clips, en plus d’être inventifs et extrêmement bien réalisés, ont souvent l’avantage d’illustrer de la plus belle des façons les ellipses temporelles ou d’accentuer l’émotion.
Je pense notamment à ce combat entremêlant passé et présent : une séquence où musique et animation s’unissent pour un résultat saisissant.
Certes, ce n’est pas un procédé des plus subtils, mais à l’image de la série, il est d’une efficacité redoutable.
Mais ARCANE est loin de se limiter à une claque visuelle et son plus grand atout est clairement son écriture.
La série aborde de nombreux thèmes, comme les inégalités sociales, la dualité entre progrès et destruction, la famille, la vengeance, le pouvoir, et la quête d’identité…
Et quand la magie vient mettre son grain de sel, la série part assez loin mais ne perd jamais son spectateur, retombant constamment sur ses pattes tout en apportant une profondeur insoupçonnée à son récit.
Mais surtout son écriture n’est jamais manichéenne. La frontière entre le bien et le mal a même rarement été aussi faible.
Et si elle fonctionne aussi bien, c’est qu’elle est constamment centrée sur ses personnages.
Et là, on touche au détail qui fait qu’ARCANE approche de la perfection : ses personnages.
La série excelle dans leur écriture grâce à une approche subtile et empathique, qui évite les stéréotypes tout en explorant des thèmes profonds et intemporels. Leurs designs leur confèrent un charisme instantané, mais ce sont surtout leurs liens, leur profondeur psychologique et leur évolution qui marquent les spectateurs.
Chaque protagoniste possède des motivations, des failles et des dilemmes qui les rendent denses, crédibles et attachants.
L'engagement émotionnel des spectateurs est le résultat direct de cette qualité d'écriture.
Les interactions entre les personnages deviennent le moteur narratif de l’histoire, enrichissant l'intrigue tout en explorant des relations intenses et parfois déchirantes.
Et même si les deux sœurs sont au cœur du récit, l’écriture n’oublie pas de développer les personnages secondaires, leur offrant des arcs narratifs cruciaux pour l’intrigue.
Chaque personnage aura son moment de gloire, et contribuera activement à l’histoire, jusqu’à cet épisode final tout simplement dantesque.
Il faut également souligner la qualité des doublages et celle de la dramaturgie.
Malgré le nombre de personnages et la durée limitée de la série, Arcane parvient à enchaîner des scènes d’une puissance émotionnelle rare.
Mais forcément, si on ne devait retenir qu’un seul personnage, ce serait évidement Jynx. Elle devient instantanément culte grâce à son charisme, sa complexité et son rôle central. Elle est bien souvent à l’origine des moments les plus mémorables de la série.
Après, en chipotant un peu, j’aurai tout de même de petites réserves.
La saison 2, bien que passionnante, complexifie parfois l'intrigue avec des arcs narratifs supplémentaires qui alourdissent légèrement le récit déjà dense. Même si cela semble préparer le terrain pour de probables spin-off, l’histoire aurait peut-être gagné en impact en condensant son intrigue.
De plus, un virage prometteur pris pour un personnage au début de la saison 2 n’est finalement pas exploité. C’est dommage, car cet arc aurait pu être fascinant, tant sur le plan politique que dramaturgique.
Vous l’aurez compris, ARCANE est pour moi un chef-d’œuvre comme la télévision en propose rarement. Cette série témoigne du savoir-faire exceptionnel du studio Fortiche et place l’animation française au sommet. Que vous soyez fan de jeux vidéo ou non, Arcane est une expérience à ne pas manquer.
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