Comment prendre au sérieux l'univers dans lequel se déroule cette série ? On a affaire à une sorte de régime militariste/totalitaire qui a choisi de forcer tous ses habitants non-dotés de cheveux blancs (les "86") à se battre pour protéger ses frontières dans le cadre d’une guerre dont on ne connait pas la raison. Parmi les citoyens aux cheveux blancs, certains sont formés à devenir « handler », à superviser à distance les combattants. Voilà le cadre initial de la série, qu’il est difficile de trouver très crédible : le régime ne forme manifestement aucun combattant parmi ses citoyens aux cheveux blanc, et fait reposer entièrement sa protection sur des soldats discriminés qui auraient toutes sortes de raisons de se révolter ; contre une telle révolte, rien ne semble avoir été préparé.
Par ailleurs, on découvre assez vite que ce régime, qui fait tout pour manipuler l’opinion publique, et pour conditionner ses propres officiers (à qui on fait croire que les soldats ne sont que des « porcs » qui n’ont pas su évoluer), n’est finalement pas très efficace :
- il est au courant de l’existence d’un escadron d’élite qui fait démissionner, ou pousse même au suicide, tous ses « handlers », mais ne fait rien contre cela, si ce n’est proposer comme nouvel « handler » une débutante de 16 ans.
- il ne fait absolument rien, malgré tous ses efforts en termes de propagande, lorsque la protagoniste interrompt un cours d’histoire à destination des futurs officiers pour signaler qu’il s’agit de fausses informations.
- il n’est pas du tout au courant des nouvelles stratégies élaborées par la « Légion » (l’armée adverse) et considère qu’elle s’effondrera dans tous les cas dans deux ans. Cette guerre, au nom de laquelle toute une partie de la population a été transformée en chair à canon, ne semble finalement pas prise au sérieux.
La protagoniste est un personnage caricatural, mal construit, rapidement insupportable. La série insiste trop sur sa gentillesse, sa volonté d’aider les soldats, d’être sans cesse auprès d’eux même lorsqu’elle se fait rabrouer. Evidemment, c’est elle qui est nommée pour diriger l’escadron le plus difficile à administrer, et elle va s’en sortir après certaines difficultés, etc. C’est le cliché de la jeune héroïne idéaliste et bienveillante au sein d’une méchante dystopie cynique et sans âme. (Peut-on d’ailleurs savoir pourquoi les femmes officiers doivent, dans ce régime, porter ostensiblement des porte-jarretelles pour aller au travail ?)
L’autre protagoniste, avec qui elle ne cesse de parler, est moins agaçant, mais n’a rien de très mémorable : c’est une sorte de Sasuke, un super-soldat au sombre passé. Les autres personnages sont oubliables.
Les scènes de dialogue avec les soldats sont longues, répétitives, et se veulent souvent sérieuses sans parvenir à être quoi que ce soit d’autre qu’embarrassantes ou franchement énervantes (mais elles ne le sont probablement pas autant que les scènes « légères » ou comiques : quel est le meilleur gâteau ? la fille la plus belle ?).
Les scènes de combat ne font pas le moindre effort de crédibilité. Les méchas, des sortes d’araignée, sont moches, et animés avec une assez mauvaise CGU.
Il n’y a rien à attendre de cette série en termes de profondeur, de complexité, de construction. Peut-être suffira-t-elle à en divertir certains. Pour ma part, ça n’a pas été le cas.