Il est difficile d’expliquer pourquoi certaines relations humaines extraordinairement complexes (hors couple ou famille), lorsque la dynamique générale de celles-ci semble nocive et destructrice, ont commencé et surtout, perdurent dans le temps.
Il est également très difficile de transmettre à l’écran (c’est généralement plus facile dans un livre), comment la relation s’entretient et se construit, ce qu’elle apporte aux deux personnes, quel est le vrai lien d’ancrage, et d’en définir les contours.
Qu’est-ce qui peut bien se jouer entre deux personnes, pour qu’elles décident de s’écarter à ce point du neurotype social ? Pourquoi acceptent-elles d’en outrepasser toutes les limites ?
Est-ce parce qu’elles se sentent elles-mêmes complètement à l’écart de toute norme mentale et sociale ? Est-ce que de s’unir dans la bizarrerie toxique absolue avec quelqu’un d’autre permet alors de comprendre pourquoi on ne parvient à rentrer dans aucun moule ; face à cet autre qu’il nous est tout aussi impossible à tolérer et comprendre sincèrement, est-ce que l’on ne parviendrait pas à comprendre pourquoi la société ne nous aime pas, nous non plus ?
« Mon petit Renne » est une série, sur le fond (je reviendrai à pourquoi j’ajoute « sur le fond »), absolument décapante, essentielle, tragique et qui impressionne par son humanité.
Sa force majeure réside dans son absence totale de jugement, dans son honnêteté complète, à la limite du tolérable.
Elle touchera forcément tous ceux qui ont vécu des traumatismes abusifs, ont connu l’autosabotage, ou subi des moqueries pour leurs différences.
Ce qui m’a gênée n’est absolument pas le fond, mais la forme.
J’ai trouvé la mise en scène très plate, bien à l’écart de la réalité du récit, trop dissonant vis à vis du propos.
Visuellement, on dirait qu’on regarde un film de Noël. Et c’est pareil au niveau de la BO.
Peut-être est-ce volontaire : il vaut mieux ne pas traiter cette histoire glauque en lui collant trop à la peau, car autrement, ce serait difficilement tolérable.
Mais je me dis que si Ryan Murphy (Dahmer, American Horror Story, etc) s’était emparé de la mise en scène, cette série aurait été un chef d’œuvre absolu (difficilement regardable, certes, mais c’est souvent le cas des chefs d’œuvre du malaisant).