Ce qui nous a terrifié : l'orthographe des messages. À chaque carton noir, nos yeux ont pleuré des larmes de sang (on devrait attacher les mains de cette dame dans son dos, certes pour qu'elle n'aille plus harceler quiconque, mais surtout pour qu'elle n'écrive plus jamais un mot de sa vie, pitié pour ceux qui lisent). Mon petit renne (à ne pas confondre avec Mon Petit Poney : deux salles, deux ambiances) est une mini-série adaptée du spectacle de Richard Gadd, qui revient sur son expérience d'homme harcelé par une femme qui est loin d'en être à son coup d'essai... Ici, Richard Gadd est réalisateur, scénariste mais aussi acteur principal de sa propre mini-série, ce qui explique d'emblée ce rôle tenu par un acteur qui a donc dix à quinze ans de trop (selon le temps narratif / flashbacks), et nous alerte évidemment sur la véracité du récit, n'ayant que son point de vue. Ceci dit, là où la série nous a très agréablement surpris, c'est lorsqu'on comprend vite que Richard n'essaie pas de se victimiser, de rejeter l'entièreté de la faute sur la maboule qui l'a harcelé, puisqu'il montre très rapidement des signes éloquents du syndrome du martyr, celui qui revient inlassablement, irrésistiblement, vers son bourreau, car cela lui procure un sentiment d'exister. Le voici donc qui avoue fréquemment qu'il a laissé la situation empirer, et a parfois saboté ses propres tentatives pour s'en sortir, une honnêteté qui, couplée à tous les messages (atrocement écrits) qui ont l'air d'être authentiques, nous renseignent suffisamment sur l'affaire pour s'en faire un avis. Dans le rôle de la frappadingue, Jessica Gunning crève l'écran, terrifie, dégoûte, fait quelques fois pitié, et justifie à elle seule de regarder la série, tant elle s'en dégage à chaque scène ! On est moins emballé par l'épisode 4 qui se passe de sa présence, au profit d'une sous-intrigue un peu voyeuriste (les plans sont clinquants) sur la relation biscornue entre Richard et un scénariste qui devait l'aider dans le showbiz... On revient en boucle sur les mêmes scènes de drogues et d'abus sexuels (clairement : ne mettez pas ça en présence d'un public non averti), et on perd un peu de vue la série. On ne doute pas non plus qu'une bonne partie des faits sont de la dramatisation habituelle pour les besoins du récit, mais on se laisse facilement embarquer dans cette mini-série qui présente une relation ultra toxique entre un homme qui a un penchant pour la martyrisation et une femme qui n'attendait que de tomber sur cette proie parfaite à harceler, avec deux excellents acteurs en tête d'affiche, un rythme soutenu, et un temps de visionnage pour une fois qui n'abuse pas de la patience du spectateur (7 épisodes de 30/40 min). On est maintenant assez étonné par l'audace de la vraie "Martha" qui fait la tournée des talk-shows américains pour obtenir de la célébrité à partir de cette série qui est pourtant très claire sur son comportement monstrueux... C'est assez immoral, non ? Un peu comme son niveau en orthographe, c'est un véritable scandale.