Saison 1 : 5 étoiles
Saison 2 : 2.5 étoiles
Saison 3 : 0.5 étoile
Je mets 2 avec une vraie grosse déception parce que la saison 1 était juste excellente. Canal aurait dû s'arrêter là mais Longatte aurait eu tord de ne pas rempiler car pour lui ce concept de série est juste une aubaine. Des anecdotes de galères qu'on lui sert sur un plateau d'argent et qu'il a juste à romancer, le tout avec une réalisation ultra simpliste qui casse pas trois pattes à un c/ø/anard (une vue au drone sur des cités pour ouverture, des plans caméra fixe... Et c'est à peu près tout.).
Clairement, on ne peut pas lui en vouloir d'avoir saisi l'opportunité de repartir sur une saison 2. Tout jeune réal aurait fait comme lui car c'est clairement un braquage surtout avec le peu de travail que ça implique comparé à d'autres productions, séries/films.
Jusque là, on pouvait lui pardonner tout ça. Même son côté pédant avec ses citations en fin d'épisodes ou le fait qu'il se mette un peu trop en avant dans sa propre création malgré un niveau d'acting de première année au Cours Florent... Tout ça on s'accordait à fermer les yeux et lui offrir notre indulgence car sincèrement, sa première saison est remplie de petites pépites que ce soit en terme d'acteurs (coup de coeur pour Mathilde La Musse, Samir Decazza et Oscar Copp) comme en terme de scénario et de dialogues (on taira le talent des comédiens pour leurs impros une fois de plus servies sur un plateau d'argent).
Tous ceux qui ont aimé la première saison avaient hâte de voir sortir la deuxième... Et c'est là que tout a commencé à s'écrouler.
La saison 2 n'est clairement pas à la hauteur de la saison 1. Même si tout n'est pas à jeter (coup de coeur pour Bellamine Abdelmalek) les histoires sont un peu moins bien ficelées, ça sent un peu le réchauffé, et on aime ou on aime pas, mais à un moment donné, le côté Parisien racailleux que le réalisateur paraît idolâtrer, commence tout doucement à gaver. La sauce ne prend plus. Un petit tour du côté de la province et de ses nombreux galériens et galériennes qui trainent dans les centres des villages aurait été le bienvenue. Jean-Baptiste Durand, réalisateur de "Chien de la Casse" (un vrai bijou) en parle d'ailleurs très bien dans ses interviews, mais c'est un autre sujet.
Même si cette deuxième saison est vraiment en dessous, pour autant elle ne noircie pas le tableau tant que ça. On est moins dans l'attente d'un troisième volet, mais si il vient, on sera curieux de le visionner en espérant un retour aux sources.
Et puis la troisième saison sort et c'est juste une catastrophe. Les scénarios sont longs, peu intéressants, redondants, bourrés de parasitages dans les dialogues qui n'amènent rien, même pas ce naturel dans le jeu d'acteur qui faisait aussi le charme de cette série. Car malgré le côté un peu "cliché" des personnages qu'on pouvait lire dans certaines critiques sur les deux premières saisons (dont je ne partageais pas forcément l'avis), dans la troisième on est clairement tombé dedans. Rien n'est juste, tout est sur-exagéré, surjoué, les nouveaux comédiens sont très très limites si ce n'est presque mauvais et les histoires sont devenues insignifiantes. A court d'inspiration ou à court d'anecdotes servies sur un plateau devenu plastique, on ne sait pas, tout est désormais insipide et ennuyant. On y crois plus.
Heureusement que certains acteurs sauvent la mise (Déborah Lukumuena, Sékouba Doucouré, Paul Deby) autrement tout aurait été à jeter.
L'idée de lier les épisodes les uns aux autres n'est pas bonne et ne parlons pas des vieux flash-back larmoyants éclatés au sol. Mais l'apothéose de la médiocrité arrive au dernier épisode qui est clairement une torture, difficilement regardable. Longatte a voulu montrer qu'il n'était pas qu'un réal de petite série légère mais également un cinéaste à la plume plus raffinée, plus intellectuelle, plus émotionnelle... Sauf qu'il a oublié que c'était lui qui allait interpréter son personnage... Et c'est toujours aussi mauvais. Personne ne le lui a toujours pas dit au bout de trois saisons ? Des pleurs sans larmes, des dialogues/discours pédants, poussifs... C'est une fois de plus pas bon du tout.
Mais le plus dérangeant voire très dérangeant dans cette saison 3 n'est pas là. Si on en restait ici, on serait juste tombé sur le schéma classique d'une série qui devient de plus en plus mauvaise au fil de ses saisons et je ne me serais pas embêté à rédiger un commentaire pour si peu. Non ce qui m'a fait bondir, le vrai problème dans cette saison c'est le parti pris de son réalisateur. Cette fois on ne parle plus de fautes professionnelles, on rentre dans l'humain.
Il faut revenir à la genèse de cette série. Les premières saisons, on les aime ces « narvalos ». C'est pour certains des petits délinquants mais qu'on apprécie. Ils sont sympas, ce sont des petites frappes avec un bon fond, des débrouillards, des trimards qui nous tirent un sourire et pour qui on ressent même de l'affection/compassion.
Ce n'est plus le cas.
Alors qu'est ce qu'il s'est passé ?
L'épisode 3 fait disparaitre ce charme inhérent à la série, pourtant dernière qualité qui tenait encore tant bien que mal un peu le projet. Ici on a affaire à un groupe de personnages crapuleux, sans état d'âme, qui provoquent cette fois-ci en nous de la détestation. L'âme des petites frappes gol-ries à qui on pardonnerait tout a disparue. Le personnage de Zoé Marchal (niveau casting on passera sur le côté intéressé de Longatte pour son père qui n'étonnerait personne) qu'elle interprète plutôt bien malgré un jeu clairement en force, est juste détestable à l'image de sa bande de potes dans l'épisode. Longatte pourra dire ce qu'il veut, dans son écriture et sa réal, il les défend et on ne comprend pas pourquoi. C'est juste de la mise en lumière sur des personnages méchants, mauvais, avec aucune réflexion, aucun recul et à qui on a envie d'éclater la tête. Il pensait nous faire rire, c'est plus que raté, c'est même déstabilisant de malaisance à son égard.
Alors pourquoi ce choix là ? La résultante d'un problème de street-cred chez ce réalisateur blond aux yeux clairs ? Une mauvaise mentalité ? On ne sait pas. Mais ce parti pris est détestable et par pitié qu'il vienne pas nous jouer le coup de l'homme qu'il faut séparer de l'artiste, personne n'y croira. Son scénario c'est le sien, son parti pris c'est le sien et honnêtement, ça donne pas envie d'en connaitre plus sur la personnalité de son auteur. Cet épisode est clairement contre productif puisque c'est celui qui a définitivement tué la série.
Mais c'est pas fini, il ne s'arrête pas là. Il persiste à enterrer son "oeuvre" avec l'épisode d'après en taclant gratuitement la bravoure des femmes représentée à travers un personnage féminin qui ose prendre son courage à deux mains, lever la voix et affronter un homme dérangé, limite dangereux, sous le regard réprobateur des personnages masculins qui assistent à la scène dans un mutisme dérangeant et qui préfèreront critiquer son audace sous prétexte qu'elle les a mis eux en danger pensant qu'elle agit de la sorte par assurance d'être intouchable car « femme ».
C'est bien connu, il est vrai que les femmes disposent d'un véto lié à leur sexe qui leur permettent de ne pas être brutalisées par les hommes...
Mais dans quel monde vie Matthieu Longatte ?
En tout cas ni dans le nôtre, ni dans celui de sa série qui se voulait bon enfant et qu'il vient de trahir une deuxième fois d'un coup de couteau. Il avait la possibilité de porter cette partie du scénario comme la démonstration du courage féminin, il a préféré s'en moquer et la réprimander. Ca a au moins le mérite de ne pas se la jouer faussement féministe et démago de sa part. Quoi qu'il en soit, c'est juste incompréhensible car une fois de plus, il dessert la série qu'il vient alors d'enterrer une seconde fois... Et lui avec.
Bref, « Narvalo » une grosse déception. Ca aurait pu être un ovni, une pépite si ça s'était arrêté aux huit premiers épisodes. Malheureusement il y a eu les huit autres qui ont relégué la série au rang de série lambda et puis les sept autres encore qui l'ont fait passer de lambda à d'inutilité publique. La seule lucidité qu'a eu son réalisateur lors de cette dernière saison c'est celle de nous avoir épargné d'un huitième épisode et on ne peut que l'en remercier.
Le braquage est terminé chez Canal , le voleur est démasqué. Eux comme nous, on ne se laissera pas avoir avec une quatrième saison et c'est bien mieux pour tout le monde.