Dire que cette série relève d'un acte militant néo-féministe est un euphémisme. Le générique de fin du dernier épisode l'annonce sans ambiguïté. Il appelle à témoigner, voire même dénoncer tout acte qui s'apparenterait à un viol quand bien même on n'en serait pas victime, et quand bien même la victime ne porterait pas plainte. Ce détail est de taille. Il doit nous inciter à la prudence concernant l'authenticité de la démarche idéologique des concepteurs de la série. Ces derniers ne voulaient pas juste montrer la laideur du viol, et encourager les victimes à porter plainte. Ils voulaient détruire l'image de l'homme respectable occidental, et démontrer que sous des dehors affables, policés, serviables, de mari attentionné et dévoué, il est purement et simplement un prédateur sexuel violent. Cette démonstration se fait en deux temps. Un temps présent, où on relate les circonstances dans lesquelles une jeune secrétaire se fait violer. Un temps passé, où l'on relate les circonstances presque similaires, dans lesquelles le même homme, étudiant alors, viole une jeune camarade de fac. La démonstration est fort habile, car elle repose sur deux artifices imparables: le talent des acteurs, ainsi qu'une mise en scène et des dialogues d'une grande adresse. Cependant, la démonstration convainc moins lorsqu'on s'attarde à considérer les faits bruts de l'intrigue, et les conclusions résultant des études sur les viols. D'abord pour ce qui est des faits crus de l'intrigue, on retient que dans un des cas de viols, les deux partenaires, selon l'aveu même de la victime, avaient pour habitude de se livrer à des jeux sexuels intenses, en des lieux improbables, et une phrase malheureuse de son partenaire l'aurait dissuadée à poursuivre l'acte. Dans l'autre cas, tout aussi ambigüe que le 1er, la victime commence par accepter l'acte, puis se dérobe, change d'avis, mais pas son partenaire. Si on ne peut que louer l'excellence du jeu des acteurs, la finesse des répliques, et l'efficacité de la mise en scène, pour véhiculer le message du film, le problème est que la réalité aurait tendance à contredire ce message. La justice, et les associations de victimes, attestent que les victimes, aux moments des actes, n'avaient pas montré le moindre signe de consentement, et très rares sont celles qui s'étaient prêtées à un quelconque jeu sexuel, mais qu'elles avaient plutôt été brutalisées sauvagement, voire même parfois tuées. Se servir de cas très à la marge, et d'en forcer les traits, ne sert pas la cause des femmes victimes de viol ou de féminicide