J’aime beaucoup la série « Game of Thrones » pour son intensité qu’elle dégage, pour les nombreuses réflexions qu’elles suscitent ; mais avec « Game of Thrones » je peux de temps en temps respirer.
Avec « Kalifat », série découverte par hasard, impossible de prendre le temps de respirer.
A partir du moment où je fais la connaissance de Pervin (Gizem Erdogan) dans le premier épisode, je sens manquer de souffle.
Pour commencer, étant profondément laïc, je ne supporte aucune religion, celle qui contraint tout pratiquant à se soumettre, celle qui conduit à la haine de l’autre, une religion qui bafoue toute liberté d’action et de pensée.
Enfin, par rapport à la série, il m’est insupportable de voir tous ces habitants de l’Etat islamique évoluer ; un état artificiel construit par des envahisseurs barbares, avec la ville de Raqqa, repaires de racailles masculines aux idées crapuleuses. Mais le pire : grand nombre de femmes sont persuadées d’être dans le vrai.
Grand bien leur fasse.
De quoi je me mêle ?!
Apparemment pour Pervin, l’Etat islamique ne l’a fait plus rêvée quand la série me la présente.
A la minute où je fais sa connaissance, toutes les autres minutes qui s’étireront jusqu’aux dernières de l’épisode 8, seront vécues en apnée !
Tout laïc que je suis, il m’est impossible de rester indifférent, impossible de rester serein sur mon fauteuil, impossible de ne pas souffler d’impatience et de ne pas m’indigner ; cette série suédoise me refroidit de minutes en minutes.
La narration est limpide tant en Suède qu’en Syrie, pas de sous-intrigues inutiles ; la musique est sobre et pesante ; le jeu de tous les acteurs dénué d'esbroufe est impeccable ; tous ces ingrédients participent à cette tension permanente et faire de « Kalifat » une série addictive.
Seulement… seulement… la conclusion me laisse seul sur le chemin.
D’accord, c’est original de ne pas complètement conclure une histoire.
C’est la vie, tout ne rentre pas nécessairement dans l’ordre.
Donc, je dois me faire à l’idée que Lisha (Yussra El Abdouni) s’épanouira sous le drapeau de Daech ; qu’Ibbe (Lancelot Ncube ) ne sera pas arrêté de sitôt et continuera à manipuler et à embrigader de jeunes filles désoeuvrées ou pas - comparée à Kamina, Sulle (Nora Rios) et sa soeur Lisha n’étaient pas désœuvrées ; que je dois considérer Nadir (Arvin Kananian ) sans zone d’ombre ; que Fatima (Aliette Opheim) se rangera peu à peu dans un certain confort professionnel ; et que Sulle et ses parents ne cesseront pas de pleurer Lisha…
La vie continue quoi…
Elle continuera pour un islam radical qui enfantera des Hezbollah, des Hamas, des frères musulmans, des talibans et autres mollarchies iraniennes.
J’ose le dire : je dois remonter à « 24h chrono » pour autant mal respirer d’un épisode à un autre.
Une série suffocante, anxiogène, irrespirable.
A noter : je vous invite à regarder « Les filles d’Olfa » de Kaouther Ben Hania, histoire vraie en complément de ce « Kalifat », inspirée d'un fait réel.