Ma critique risque de piquer.
Quand j’apprends qu’un des meilleurs jeux vidéo récent est adapté par la très sérieuse HBO, avec à l’écriture le créateur du jeu vidéo lui-même Neil Druckmann. Les attentes deviennent folles et aussi hautes que peut l’être une série TV.
Et puis, la douche froide : un premier épisode qui décalque le jeu, sans arriver à lui donner son ambiance apocalyptique, tendue, nerveuse et marquante avec la mort de la fille de Joel.
Les autres épisodes ne font pas mieux malheureusement, même si les décors, vêtements, accessoires font honneur à l’univers du jeu.
Mais la réalisation en mode pantoufle, digne d’un mauvais téléfilm de dimanche après-midi ennuie, la tension est absente, le sentiment de danger, de vulnérabilité, de fragilité des personnages est invisible.
Pire, le sous-texte de l’histoire est la relation contrariée père-fille, de Joel, qui a perdu sa fille unique dans un drame, et d’Ellie, orpheline n’ayant jamais connu la chaleur familiale.
Mais les auteurs préfèrent s’attarder sur des personnages secondaires, sans véritable importance sur le récit.
Tous les passages iconiques du jeu sont recrées de manière maladroite, confuse, et présentée au téléspectateur sans convictions, comme du fanservice de m*rde.
J’aime bien Pedro Pascal, en homme taiseux, hanté par le deuil de sa fille.
Mais l’actrice Bella Ramsey n’a pas le physique ni le jeu d’acteur approprié à son personnage. On rappelle qu’Ellie est limite une sociopathe qui attend que son compagne d’infortune dorme pour lui trancher la gorge dans son sommeil. Et là, on a la version Disney.
Les choix artistiques vont à l’encontre de l’idée même du jeu : l’absence de violence, des conséquences de cette violence, du sentiment d’amoralité, d’injustice, de folie.
Toutes les scènes un peu trop gores/dures sont suggérées par du hors champ.
La série a été vidée de sa substance, aseptisée, édulcorée, pour ratisser le plus large, devenant de manière tout aussi absurde, un drama banal dans un vague univers post-apo.
Navrant, mais l’oeuvre passe à côté de toute la force de son matériau d’origine.
Peut-être pas la pire adaptation de jeu vidéo (Uwe Boll a de l’avance sur le sujet), mais loin d’être la meilleure, et surtout loin d’une adaptation fidèle.