The Last of Us est un excellent jeu vidéo, mais ce n'est qu'une "bonne" série. C'est donc globalement une déception pour un joueur. Un néophyte devrait toutefois y trouver son compte.
D'un point de vue scénaristique, l'essentiel y est. On y retrouve la majorité des éléments essentiels qui ont rendu l'histoire si touchante. Les quelques digressions par rapport au scénario original sont souvent bien menées. C'est par exemple le cas pour le développement sur les origines de la maladie, celui du personnage de Marlene ou même, dans une certaine mesure, de celui de Bill.
Les effets spéciaux et l'univers visuel en général sont aussi très satisfaisants.
Du point de vue de la distribution des rôles, l'interprétation de Pedro Pascal est très réussie. Ce dernier a su trouver la bonne attitude pour incarner Joel, malgré une corpulence un peu plus fine que celle du personnage original.
Le choix de Bella Ramsey est un peu plus contestable. D'un côté, c'est une excellente actrice et ses efforts pour incarner l'adolescente font mouche. D'un autre, son physique me semble trop éloigné pour retranscrire parfaitement ce qu'aurait dû être Ellie. Certes, le personnage original fait souvent usage d'un langage grossier. Mais la tendresse dans ses grands yeux expressifs et la légèreté de ses mouvements donnaient à ces vulgarités un aspect de filtre, une sorte de bouclier protecteur utilisé par une adolescente en réalité vulnérable. Or, Ramsey a des yeux trop durs et une gestuelle un peu trop grossière, ce qui ruine le contraste et tend à résumer Ellie à cette grossièreté, portant préjudice à la profondeur du personnage, et à l'attachement que devrait ressentir le spectateur.
En outre, l'un des problèmes de la série est son message politique sous-jacent. Le jeu cherchait d'abord à raconter une bonne histoire, et était pourtant déjà "progressiste". Ici, l'agenda dit "Woke" est insidieuseusement développé. Tous les personnages décents appartiennent à une minorité. Les autres sont nécessairement des ordures. Le choix d'acteurs latino-américains pour Joel et Tommy, d'une Sarah métisse, d'un Sam sourd et muet, d'un Bill ouvertement homosexuel (son orientation dans le jeu était seulement suggérée), d'une Maria afro-américaine, etc. attestent de considérations bien souvent plus politiques que scénaristiques. A l'inverse, le cannibale-violeur David devient en plus un pasteur-chrétien, et le brigand tendant un piège sur la route devient blanc. Bien-sûr, pris individuellement, aucun de ces changements ne pose problème. D'ailleurs, certains sont les bienvenus. Simplement, une fois cet agenda remarqué, il est difficile d'en faire abstraction, et de ne pas en être, à minima, agacé. On comprend en effet qu'ils font que répondre à une sorte de catalogue de caractéristiques à la mode qu'il convient de cocher dans une production de 2023, et qui, sans doute, sont favorables dans l'obtention de récompenses.
Bref, ça aurait dû être excellent, et ce n'est que bon.