I May Destroy You : secrets de tournage

En 2018, lors du Festival de séries d’Edinburgh, Michaela Coel a parlé publiquement du viol qu’elle a subi deux ans plus tôt. Ce traumatisme personnel est à l’origine de la série dans laquelle le personnage principal subit la même agression. "Cela a été thérapeutique d'écrire à ce sujet et de transformer activement un récit de douleur en un récit d'espoir, et même d’humour.", a-t-elle déclaré dans son discours. L’écriture lui a pris deux ans, durant lesquels Michaela Coel s’est replongée dans son traumatisme autant qu’elle s’est nourrie de récits extérieurs : "A un moment, je me suis mise à beaucoup discuter avec d'autres. J'étais très curieuse, donc parfois je demandais : 'As-tu déjà entendu parler de quelqu'un qui a menti sur le fait d'avoir été agressé ?' Et on me répondait : 'Oui, il y avait cette fille dans mon école…' Alors j'utilisais cette histoire et plus mes amis étaient au courant que j'écrivais cette série, plus ils me confiaient leurs expériences. Peu à peu, j'ai compris comment je pouvais les intégrer aux personnages que je créais."

Michaela Coel a révélé comment et pourquoi elle a refusé une offre d’un million de dollars de la part de Netflix pour la création de la série. En effet, cette offre était soumise à conditions concernant la propriété de l’oeuvre : "Netflix voulait que je crée la série, c’est-à-dire que je sois à la fois scénariste, réalisatrice et actrice principale. Ils voulaient que je fasse tout cela, tout en retenant 100% des droits. Quand j’ai voulu négocier mes droits, ma demande a été rejetée. Je me suis sentie mal à l’aise de consacrer deux ans de ma vie à concevoir une série qui traite de la perte d’autonomie, en perdant justement mes droits dessus. J’ai donc rejeté leur accord, puis ai fondé ma propre société de production.", raconte-t-elle. Un peu plus tard, Michaela Coel présente le projet à la chaîne britannique BBC, qui accepte ses termes.

Au cours de la série, le personnage d’Arabella expérimente de nombreux changements esthétiques capillaires et vestimentaires. Afin de représenter cette évolution, Michaela Coel a travaillé en étroite collaboration avec sa cheffe costumière Lynsey Moore (avec laquelle elle avait déjà collaboré sur Chewing-Gum) et Bethany Swan, cheffe maquillage. "Je voulais représenter une femme qui s’effondre lorsque la série commence. Au début, sa perruque rose n’est pas parfaite. Dans l’épisode 5, elle se rase la tête pour se débarrasser de sa féminité suite à son viol, avant de finir par se la réapproprier, en se laissant pousser les cheveux très longs et lisses.", explique-t-elle.

Michaela Coel et Paapa Essiedu ont étudié ensemble à la Guildhall School of Music & Drama pendant trois ans et sont restés amis depuis. "Michaela a été la première femme noire acceptée dans l’école en cinq ans. Déjà, à l’époque, sa personnalité se démarquait." se souvient le comédien. Pourtant, la créatrice n’avait pas Paapa Essiedu en tête lors du casting pour le personnage de Kwame : "Elle n’a pas pensé à moi pour les auditions ! C’est la directrice de casting Julie Harkin qui m’a suggéré à Michaela.", raconte-t-il en riant.