J'avoue que très vite, j'ai été attiré par ce projet. Voir toutes ces émissions de télé-réalité débiles tournées en dérision à travers une série en reprenant les principes pour mieux s'en moquer, je trouvais ça très excitant, pouvant donner lieu à une excellente comédie si celle-ci parvenait à aller très loin dans le ridicule, voire le grandiloquent, surtout porté par un casting aussi incroyable, notamment féminin (j'y reviendrais). C'est d'ailleurs plus ou moins ce qui s'est passé dans les premiers épisodes : tout en restant (jusqu'au bout) fidèle au format extrêmement codifié du genre, reprenant ses principes et rendant « l'aventure » presque réaliste, dans son déroulement comme le comportement des un(e)s et des autres (bon, pour le second point j'exagère un peu). Drôle, acerbe, piquant : à défaut des éclats de rire espérés (Jean Guille exceptée), cette trentaine de minutes par épisode file à un rythme soutenu, mettant excellemment en exergue les principes totalement débiles et machistes de ce genre d'émission, où des gens passent complaisamment leur temps à se (faire) rabaisser de façon odieuse, où l'on se demande comment peut-on espérer rencontrer le « grand amour » à travers un procédé aussi lamentable et humiliant pour toutes (voire le héros). Personne n'est épargné, surtout pas Marc, d'une stupidité, d'une médiocrité, d'une indécence rendant presque sympathique n'importe laquelle des prétendantes. On apprécie aussi relativement l'apparition de nombreuses « guest-stars », apportant un peu de piment à la routine (Pierre Niney et Gilbert Melki sont notamment très efficaces). Malheureusement, dès la moitié (voire avant), la série s'enlise. On sent qu'on essaie de se renouveler, de trouver des situations différentes, mais c'est souvent au détriment de la qualité, avec pas mal de scènes longuettes, malvenues et une certaine tendance à faire du mauvais esprit juste pour faire du mauvais esprit, à laquelle s'ajoute pas mal de lourdeurs plus que dispensables, réduisant le concept (notamment des éliminations) parfois à son strict minimum alors que c'était ce qu'il y a de plus réjouissant. Surtout, c'est parfois vraiment trop chargé, en particulier notre « héros », tellement con, tellement odieux qu'on est en souffrance de voir d'aussi belles (et parfois charmantes) femmes se battre pour un tel abruti : non seulement ce n'est pas du tout crédible, mais pose un vrai problème d'intérêt, d'attachement pour ce qui se passe devant nous. Enfin, à quelques exceptions près, il n'est en définitive pas très compliqué de deviner l'ordre de départ de chacune, que ce soit par leur célébrité ou la manière d'être mise en valeur par Jonathan Cohen (également réalisateur), même la présumée surprise finale m'ayant paru presque prévisible, peu drôle voire presque malvenue tant elle est pour le coup totalement incohérente avec les règles du jeu. Malgré tout, si j'ai tiqué à de (trop) nombreuses reprises, notamment lors des moments trop gras ou « rabaissants », je me suis globalement pris au jeu, ayant toujours une certaine attente concernant l'épisode suivant, la mécanique restant plutôt bien huilée jusqu'au bout. Avec quelques moments particulièrement réjouissants (les échanges entre Cohen et Vincent Dedienne (brillant), jubilatoires), et donc une distribution de folie chez les femmes, où presque chacun aura une favorite différente : pour votre serviteur, cela se joue entre Ana Girardot, Adèle Exarchopoulos, Laure Calamy et ma Doria Tillier adorée), chacune dans un registre qu'elle maîtrise parfaitement. Bref, si l'on peut regretter que les créateurs aient parfois un peu eu... la flemme et n'aient pas su élever leur production à un jeu de massacre irrésistible en jouant trop souvent de la facilité, « La Flamme » reste un bon antidote à la morosité ambiante et à la bien-pensance généralisée : sans être un incontournable « création Canal », le jeu peut valoir le coup d'œil.