Le pitch est excellent: on se retrouve dans l'univers de ZOOTOPIA, avec toujours une lapine et un loup à la place du renard.
Sauf qu'ici, c'est le côté sombre de l'univers, avec la question sociétale : les instincts sont-ils plus forts que le lissage social ? Peut-on éternellement refouler ses instincts de prédateurs, gommer sa nature profonde, au nom d'un "vivre-ensemble" qui semble reposer sur bien peu de chose ?
L'anime est en 3D, et si c'est très bien fait (on ne s'en rend compte que dans l'animation, non dans le dessin) il reste les problème inhérent à tous ces anime en 3D : les visages sont incapable de la moindre expressivité. Fini le génie des animateurs qui savaient exagérer les expressions de visage pour notre plus grand plaisir. Donc les personnages sont mornes.
Le héros, le loup, est spécialement morne, déjà que c'est un personnage complètement mou (ce qui rend d'ailleurs ses incroyables performances de combattants très peu crédibles).
La lapine, l'autre héroïne, est une nymphomane qui propose direct une fellation au héros lors de leur première rencontre (dans une scène d'ailleurs complètement nulle), ça pose le DA et ça casse l'ambiance. On découvrira que
c'est limite la prostituée de l'école
, mais on veut nous la rendre sympathique, parce qu'elle est fragile et mignonne. Ca passe pas non plus.
Le plus dérangeant dans l'histoire, est l'ambivalence continue entre carnivore et sexe. On a systématiquement l'impression, quand un carnivore laisse parler ses instincts et se lèche les babines à l'idée de dévorer une chair fraiche, qu'on parle en fait de sexe (et de viol donc). Les carnivores sont-ils tous des violeurs refoulés qui parfois se laissent dériver ? L'amour très charnel du loup pour le lapin ("érotique" au sens étymologique du terme donc) peut-il vraiment se muer en amour véritable (philia) ? C'est l'histoire que tente de dérouler l'anime, mais c'est sans saveur, sans intérêt, et on se fiche complètement de cette histoire improbable.
En revanche ce qui sauve l'anime ce sont les autres personnages, notamment Louis le Cerf (Rouis) qui est le seul personnage véritable héroïque et qui met une bonne claque au spectateur. Même si le scénario tente d'en faire un personnage égoïste et parvenu, ça ne prend pas car son héroïsme est patent, quelles que soient ses motivations. Heureusement, presque tout l'anime est concentré sur lui. Et il est la vrai star du dessin animé (le beastar !)
je trouve dommage aussi le traitement de Luno la louve, qui mérite bien plus l'amour qu'elle espère que la nympho de lapine , qui est admirable dans son comportement, mais qui reste pourtant délaissée.
Donc au final on sort avec une impression très mitigée : une excellente réalisation au service de peu d'histoire, des personnages secondaires bien plus riches que les personnages principaux sans saveurs, mais un univers zootopiesque qui reste intéressant comme caricature de notre propre société.