Pour une fois, Marvel sort du lot en livrant une mini-série originale, plutôt étonnante, loin des films de superhéros tous publics et lisse au possible.
Le personnage central Marc Spector/Steven Grant souffre de schizophrénie : tantôt Steven, un vendeur dans un musée, timide, passif, malchanceux, peureux à l’accent anglais à couper au couteau, tantôt, Marc, un mercenaire torturé par son passé, coupable, violent, sûr de lui et peu loquace.
Le thème du superhéros est retransmis dans sa dualité de l’homme de la rue inoffensif, et de son double ténébreux, justicier à poigne. On retrouve le parallèle de l’ombre et de la lumière de la personnalité humaine chère aux comics Batman.
L’origine des pouvoirs et de l’intrigue de cette histoire repose sur des humains représentant un Dieu de l’Égypte ancienne, qui se battent via leur avatar humain, à l’image des œuvres où le représentant du Bien/Dieu/Paradis se bat contre le représentant du Mal/Diable/Enfer.
La série repose pour l’essentiel sur la performance bluffante d’Oscar Isaac, passant d’une personnalité à l’autre, et dont le cheminement psychologique est le parallèle de la quête de l’histoire.
On retrouve Arthur Harrow (Ethan Hawke) en Némésis de Moon Knight, jouant un leader de secte, calme, serein, réfléchi, sûr de sa victoire, capable de commettre des atrocités au nom de son Dieu Égyptien Âmmit.
La série s’appuie sur des décors remarquables, de la ville de Londres recrée en Hongrie, aux dunes du Maroc.
La musique n’est pas en reste, capable d’impressionner, avec son thème principal Hesham Nazih qui donne des frissons.
Le plus de la série est qu’elle ne se contente pas de faire succéder des combats entre différents héros et vilains.
Le passé torturé du passé, ses identités multiples, l’introspection du personnage, reste le point fort de cette oeuvre.
Mention aux scènes dans l’asile psychiatrique rappelant furieusement le film Identity (2003) par moment.
Dans un rôle plus secondaire, on découvre la charmante May Calamawy en Layla, une aventurière qui est bien loin des demoiselles en détresse, capable d’exister par elle-même, malgré son rôle réduit.
Mention également aux doubleurs F. Murray Abraham, épatant et grandiose en Konshu, Dieu de la Lune et de la justice expéditive, et le petit rôle plus surprenant doublé de Taouret, déesse de la fécondité et de la maternité, doublée par l’actrice Antonia Salib.
Une série sympathique, bien jouée, magnifiquement filmée, mettant en valeur son cadre et son casting de qualité, servi par un scénario réfléchi et une exigence dans la mise en scène.