Alors non, on ne fait pas (du tout) partie de ceux que la féminisation des rôles de héros au cinéma ou à la télé dérange, car (et on prend un grand risque en le disant) on aime bien le personnage de Jennifer / She-Hulk. Cette jeune adulte maladroite, qui galère dans à peu près tous les aspects de sa vie (boulot, amours, et maintenant santé : l'horoscope est complet) et qui a la bonne bouille de Tatiana Maslany, est peut-être l'unique oxygène de cette série, qui autrement s'étouffe complètement avec son obsession à réduire son héroïne à une bimbo. On s'explique : Marvel veut faire une série pour soutenir le droit des femmes à être des héros (louable), mais enchaîne les intrigues les plus clichées possibles. On a un épisode où She-Hulk
fait du twerk, un autre où l'intrigue est qu'elle choisit ses fringues, un autre où elle créé un compte Tinder et fait des dates, un autre où elle est désespérée car son tailleur ne pourra plus l'habiller, un autre où elle se rend à un mariage juste pour exhiber sa robe et montrer combien elle met en valeur son postérieur,
etc... On en est là. On ne pense pas trop se tromper en disant que ce genre d'intrigues est contre-productif à l'image de la femme forte et ayant une destinée palpitante (car, on a oublié de vous dire : y'a pas de méchant à combattre, non, il vaut mieux que She-Hulk passe son temps à se demander si le 38 ne la moule pas trop derrière). Une série certes légère avec son ton comique et ses apartés qui brisent le quatrième mur (pour notre part : des moments très désagréables, déjà que l'on galère - nous aussi - à rentrer dans cette série), à la courte durée (9 épisodes de 30 minutes, dont 8 minutes de génériques, Disney oblige). Seul le neuvième épisode nous aura tiré un sourire, tellement méta qu'il ose tout : Jennifer est elle-même consciente de la nullité totale de sa série, et
va gueuler sur ses scénaristes
... On a été plus que surpris par la manœuvre, et on valide : à sa place, on aurait fait pire dans leur bureau. Mais on a eu un petit penchant pour cet épisode qui n'a aucune limite et est légèrement cathartique en beuglant sur les scénaristes (ceux à qui on en veut à mort de gâcher une héroïne qui mérite mieux). Pour ceux qui viennent admirer
Daredevil
, vous aurez quelques minutes (assez agréables, il faut bien le dire) à grignoter, où
Matt Murdock
humilie littéralement Jennifer dans sa propre série (on vous a dit, ou pas, que les scénaristes n'ont aucun respect pour le personnage ? Oui ? Ah on radote.) avant de passer à l'action (assez sympa, ne serait l'hideux costume Moutarde-Ketchup qui rend hommage aux comics, on regrette vite le rouge-sang de la série récente). Un petit rôle pour Tim Roth qui est un bon personnage dont on ignore les motivations jusqu'au final (on a longtemps hésité, et finalement on s'est trompé sur son compte) et qu'on aimerait bien revoir dans les saisons suivantes de She-Hulk, car, qu'on le veuille ou non, la série est rentable et va aligner les saisons, alors autant spéculer sur le fait qu'elles ne pourront pas être plus mauvaises que cette entrée en matière aux clichés miso ("sois belle et tais-toi") et sans aucun enjeu d'intrigue. Vivement que Miss Hulk regarde devant elle pour avoir son méchant à combattre, et non plus derrière pour voir si le pli arrière de sa robe la moule bien.