On pouvait s’attendre à ce que le parfum de séduction de cette série rétro s’exerce inégalement selon l’âge, les références politico-culturelles, la nostalgie du temps passé et le degré de réceptivité de spectateurs en proie aux affres de la crise sanitaire. Or, à lire les critiques de presse d’horizons divers, il semble qu’OVNI(s) ait exercé chez la plupart de leurs auteurs un effet enchanteur. Comment expliquer dès lors que j’y sois resté réfractaire ?
Peut-être, déjà, du fait qu’ayant été trentenaire dans les années 70, je n’ai gardé aucune nostalgie pour cette époque, son style vestimentaire, les engagements idéologiques fumeux qu’elle a cultivés ou les automobiles biscornues qui se voulaient alors l’emblème du génie français. Dès lors, lui octroyer un zeste de charme et de magie s’avérait un défi considérable que les scénaristes et le réalisateur Anthony Cordier ont eu du moins le mérite de relever.
Pour ce faire, ils n’ont pas lésiné sur les moyens : couleurs savamment criardes, illusions visuelles de carton-pâte et comique de situation un peu balourd à défaut des dialogues ciselés, drôles et percutants que l’on espérait. Si Melvil Poupaud, élégant Didier Mathure, se démène efficacement pour conférer un semblant de consistance et de crédibilité à son personnage fantasque d’ingénieur déclassé, ses comparses restent hélas en deçà. Daphné Patakia incarne une Vera, certes charmante et délicieusement sotte, mais, victime d’un tic incoercible, elle écarquille mécaniquement les yeux à chaque plan dans l’espoir probable de nous faire mieux saisir ses propres incompréhensions. Quentin Dolmaire (Rémy) campe gentiment mais sans éclat un geek anémique aux convictions chancelantes. Dans le rôle de l’épouse de Didier Mathure, Géraldine Pailhas s’efforce avec un certain succès de passer inaperçue tout au long des épisodes. Michel Villermoz, talentueux sociétaire du Français, ne parvient pas, malgré une ou deux scènes cocasses, à transmettre une vraie crédibilité à son personnage d’homosexuel caractériel, amoureux éploré d’un amant supposé perdu. Quant au commandant Delbrosse qu’incarne Nicole Garcia, probable rescapé d’un film sur la guerre froide, il semble avoir largement dépassé la limite d’âge légale des officiers d’active.
Là où la confrontation de ces personnages aurait pu produire une émulsion comique, celle-ci ne prend pas et le spectacle qui nous est offert reste définitivement en panne d’inspiration. Un scénario brouillon, une mise en scène qui prétend mêler les genres mais ne trouve jamais le ton juste, des personnages sans épaisseur et des acteurs livrés à eux-mêmes compromettent définitivement le bel espoir d’une comédie française à la Tati, légère, piquante et nostalgique. Une ou deux idées originales
(la visite de Spielberg, d’énigmatiques séquences chez les Inuit)
ne parviennent pas, à elles seules, à maintenir l’intérêt tout au long de la saison 1. Souhaitons qu’une deuxième saison, si elle a lieu, sache tirer les leçons de ces faiblesses et permettre enfin un décollage réussi de la fusée OVNI(s).