Produite par la BBC et acheté par Netflix, cette mini-série composée de huit épisodes retrace le funeste parcours de Charles Sonhraj, un serial-killer français qui a sévi en Asie dans les années 70 et qui s'en prenait aux jeunes touristes étrangers en quête de plaisirs et d'ivresse. Se faisant passer pour un vendeur de diamants, il usait de son charme et de sa malice pour attirer ses victimes vers son appât : une résidence avec piscine et fêtes à gogo. Ce repère, truffé de complices, se transforme alors en piège mortel tandis que l'hôte charismatique se mue en prédateur sans pitié, dépouillant ses proies de leur passeport et de leurs biens.
L'intérêt de la série repose principalement sur la crédibilité de l'interprétation du personnage principal joué par Tahar Rahim, l'acteur français à la cote internationale. À la fois magnétique et effrayant, mais surtout sans en faire trop, il parvient à rendre palpable la rage et la complexité du tueur en série. Au fil des épisodes, on explore l'histoire de ses racines, son expérience du racisme, sa capacité à fasciner et à manipuler, et son obstination pour l'argent, le commandement et la liberté. Il se révèle très déroutant dans sa froideur et plusieurs scènes prouvent l'intelligence de jeu de l'acteur et son aptitude à incarner de grands rôles ! À ses côtés, Jenna Coleman fait mouche par sa présence ambiguë et son regard intense. Principale captive du Serpent, son rôle est sans cesse tiraillé entre la raison et les sentiments. Si son accent québécois-français est très peu convaincant, ses intentions de jeu, eux, sont intacts. D'autres seconds rôles se démarquent, comme Mathilde Warnier ou Fabien Frankel, car ils soulignent bien l'emprise de l'escroc sur ses victimes.
Si le synopsis donne l'eau à la bouche et que l'interprétation vaut le coup d'oeil, j'avoue avoir beaucoup galéré pour en arriver à bout (d'où ma critique tardive !)... En effet, j'ai trouvé le scénario beaucoup trop factuel et la réalisation plutôt plate, pour ne pas dire moche. Ça gâche le suspense et la tension initialement attendus. De plus, on est sans cesse baladé d'une temporalité à une autre, entre les enquêteurs qui n'arrivent pas à retrouver sa trace et le coeur de l'action. Il suffit d'être inattentif deux secondes pour s'emmêler les pinceaux... Ces sauts temporels incessants m'ont vraiment pas emballé. Chaque épisode dure une bonne heure, et bien qu'ils se concentrent chacun sur un personnage, creusant alors la malheureuse personnalité du Serpent, une monotonie s'installe. En soit, je dirai que la série se contente d'enchaîner les faits, et ça ne débouche sur rien de surprenant. Seuls les panneaux explicatifs du dernier épisode répondent à notre curiosité. L'émotion et l'affect ne sont pas au rendez-vous. On observe l'horreur et l'habileté du personnage à se sortir des situations les plus compliquées. C'est flippant car tiré de faits réels mais c'est tout ! Mais on ne sait presque rien de ses victimes au destin tragique par exemple...
Avec son traitement en surface, "Le Serpent" peut laisser sur la touche. Mais heureusement, Tahar Rahim, par son regard perçant, nous fait traverser cette cavale infernale avec un minimum d'intérêt !