Mike Flanagan a placé la barre tellement haut avec ses précédentes séries "Hill House" et "Bly Manor", qu'il semble alors difficile d'atteindre de nouveaux sommets de réussite. Et pourtant. Même si Sermons de minuit est a mon goût en deçà de ses prédécesseures, il n'en reste pas moins surprenant sur bien des points.
Une île isolée sur laquelle vit une poignée d'habitants, un nouveau venu en la personne du prêtre Paul Hill, le retour d'un personnage clé et un mystère qui se répand. Le cadre est posé dès les premières secondes de la série. On entre facilement dans l'ambiance de cette île de pêcheur dictée par cette "drôle" l'église qui occupe une place centrale dans cette petite communauté (trop) croyante. En terme d'ambiance, Mike Flanagan tient ses promesses et ne déçoit pas.
Comme à son habitude, la série aborde des thèmes qui sont chers au réalisateur/ créateur tels que le deuil, la santé mentale, le drame intime... le tout enveloppé dans la métaphore du genre horrifique. Un savant mélange qui avait été sublimé dans The Haunting of Hill House et sa fausse suite The Haunting of Bly Manor.
Cependant, il y a comme l'impression que l'horreur est un peu en retrait dans Sermons de minuit. Au beau milieu de la série (épisodes 3 et 4), le récit met de côté l'épouvante pendant un moment pour fait la part belle à des thèmes philosophiques dans des discussions entre plusieurs personnages. Un peu trop bavard penseront certains spectateurs. Certes, on perd un peu le rythme sur la trame, mais les arguments délivrés par les personnages sont passionnants et très touchants. Ils se révéleront être pertinents pour la suite, comme toujours chez le réalisateur. Rien n'est fait au hasard.
Mike Flanagan prouve une nouvelle fois qu'il possède une sacrée plume, précise et audacieuse, et une certaine sagesse quand il s'agit de la psychologie de ses personnages.
Ces derniers sont très biens définis et évitent les clichés trop faciles (le shérif est le seul musulman de l'île et ne se rend jamais à l'église, point de rencontre des habitants, mais est intégré et débat avec les autres ; le nouveau prêtre est sensible et concerné, le revenant ne cherche pas d'excuses à ses actes...). Si toutes les interprétations sont géniales, on retiendra surtout celle du prêtre Hill (Hamish Linklater), incroyable, jouant les âmes torturées, la sensibilité, la dichotomie avec poigne et affirmation, parvenant à attirer une sérieuse empathie à son égard et malgré un terrible secret...
Puis, comme très souvent chez Mike Flanagan, la série va crescendo et le suspens se fait plus important jusqu'à atteindre l'apothéose. Sacrée scène
de massacre
à l'église, prenante et incroyable de stupéfaction. Le récit nous saisit de nouveau par la gorge (épisode 5) pour ne plus nous lâcher jusqu'à la dernière seconde. Alors que violence, horreur et fanatisme religieux se mélangent, l'histoire revêt par opposition une douceur contagieuse. Elle ne juge jamais ses personnages, tendres et aimants en toutes circonstances, et personne n'est réellement mauvais (quoique...).
Malgré tout ce chaos, la série parvient à apaiser nos traumas et nos peurs pour nous livrer ses propres éléments de réponses à des questions que l'on se pose tous. La scène finale conclue le tout avec horreur, amour et espoir, le meilleur mélange que Mike Flanagan puisse nous offrir.