Katori Hall a grandi à Memphis dans le Tennessee, où la culture du club de striptease fait partie du passage à l’âge adulte. Fascinée par les danseuses de ces clubs, Katori Hall s’est à son tour essayée au pole dance. "C’est extrêmement difficile ! C’est un vrai sport. Ca pourrait être aux Jeux Olympiques.", témoigne-t-elle. D’autant plus impressionnée, Katori Hall passe les six années suivantes à visiter des clubs de striptease dans le Sud des Etats-Unis, interviewant plus de 40 femmes. "Je voulais savoir pourquoi ces femmes avaient choisi cette profession, ou pourquoi cette profession les avait choisies. Je voulais creuser cette industrie du sexe avec empathie car ces femmes ont toujours été déshumanisées ou ignorées.", raconte-t-elle.
Suite à ces années de recherche, Katori Hall, comédienne et dramaturge de formation, monte une pièce de théâtre intitulée"Pussy Valley", dont la première est représentée à Minneapolis en 2015. Au fur et à mesure, Katori Hall se rend compte que l’ampleur de son sujet convient davantage au format télévisuel. Une transition opérée non sans difficultés, comme elle le raconte : "Adapter Pussy Valley en P-Valley a été extrêmement compliqué. J’ai dû apprendre le métier de showrunner. Au théâtre, la dramaturge est reine. A la télévision, le processus est beaucoup plus collaboratif. J’ai appris à être ouverte aux idées, souvent meilleures que les miennes, de mes co-scénaristes."
Nicco Annan reprend le rôle d’Oncle Clifford qu’il interprétait déjà dans la pièce de théâtre.
Afin de rompre avec la représentation hypersexualisées des femmes noires à l’écran, Katori Hall a fait le choix de réunir une équipe exclusivement féminine, avec laquelle elle a eu de nombreuses conversations à propos du female gaze. Si la nudité est fréquente, elle n’est jamais gratuite. "Nous avons fait très attention à ce que nos opérateurs s'arrêtent à une simple suggestion de la nudité.", déclare la directrice de la photographie Nancy Schreiber. En effet, la créatrice a privilégié une esthétique qu’elle nomme "Delta Noir", à savoir : des couleurs saturées et des ombres, laissant place à l’imagination.
Si la plupart des actrices avaient des doublures pour les séquences de danse, Brandee Evans, danseuse de formation, a insisté pour apprendre le pole dance et réaliser elle-même ses cascades.