La mode des séries à thème semblerait-elle relancée ?
Ici, on part en Norvège, avec ses particularités (les maisons en bois, la nature, les chalets isolés) mais en restant très consensuel : les épisodes pourraient se dérouler dans le Vermont ou les Ardennes. Très inégale, la plupart du temps mal interprétée, avec des scénarios prévisibles, malgré certaines idées originales, l'ensemble ne fait ni peur ni frémir et les rares moments d'humour sont particulièrement plats. On peut se dire que ce sont des histoires où le fantastique tient une part importante mais cela n'excuse pas le manque total de réalisme de tous les épisodes. Au contraire, même, c'est l'irruption du fantastique dans un réel auquel on peut s'identifier (lieux, événements, personnages, situations, ambiances) qui crée la tension dans ce genre d'histoires. Peut-être est-ce par manque de temps ou ou par absence cruelle de talent, mais à aucun moment on ne ressent quoi que ce soit.
Plus en détail, retenons le 2ème épisode (Trois frères fous) pour son rebondissement final, le 4ème (Rats de laboratoire) pour son huis-clos et son jusqu'au-boutisme, le 5ème épisode (La vieille école) qui, partant d'un scénario usé jusqu'à la corde, est réellement surprenant à la toute fin. Le 3ème (Un terrible écrivain) aurait pu être une chouette mise en abyme mais souffre d'une interprétation catastrophique. Le 6ème et dernier épisode (La tête dans le sable, L'éléphant dans la pièce en VO) promet beaucoup pour son côté terriblement malaisant, peut-être le seul qui parvient à créer immédiatement une ambiance et les conditions d'un questionnement manipulé à la façon d'un puzzle avec, en plus, pas mal d'ironie (notamment par rapport à #balancetonporc), finit hélas dans le ridicule consommé. Et le premier (Sacrifice ultime) ? Il aurait pu être drôle, il est malheureusement raté de bout en bout.
Le générique, enfin, applaudi par certain·es, fait penser à ces séries de jeux d'énigmes et d'objets cachés, c'est dire si c'est original...
Les mauvaises langues diront que le seul intérêt de ces histoires tient dans leur brièveté, c'est hélas ce qui nuit le plus à leur propos : elles finissent par être beaucoup trop superficielles pour réellement toucher le spectateur. Nous pouvons alors nous interroger et comparer : avec un tout autre budget et bien plus de professionnalisme, c'est par ailleurs également le cas, par exemple, du Cabinet des curiosités de Guillermo del Toro, qui rate sa cible à cause de la brièveté des histoires mises en scène. Le mieux est-il, en matière d'histoires courtes, l'ennemi du bien ? Ou alors serions-nous trop gavés de recherches stylistiques et narratives à notre époque pour ne plus goûter le charme de petites histoires sans fards comme pouvaient en raconter La 4ème Dimension, Alfred Hitchcock présente ou les Contes de la Crypte ?
Peut-être en effet l'exercice des séries à thème est-il dépassé, à l'exception de Black Mirror, ce qui expliquerait que beaucoup de critiques y fassent référence en parlant de Bloodride alors que, franchement, cette série-ci n'a strictement rien à voir avec celle-là.
Avec 3 épisodes "pas mal" et 3 "pas terrible", on peut attribuer la cote de 2,5 : peut franchement mieux faire même si certaines intentions sont louables.