Une mini-série qui interroge sur le communautarisme, sur les croyances religieuses, sur l'Amour (pour un conjoint, pour un parent, pour un enfant, pour un art, pour un dieu), sur l'émancipation, le besoin fondamental de liberté et la persévérance. Unorthodox expose effectivement avec beaucoup de détails les coutumes et traditions conservatrices du judaïsme hassidique ultra-orthodoxe mais n'oublie pas de rappeler également la souffrance que cette communauté porte lourdement sur ses épaules depuis des siècles : esclaves des pharaons, opprimés au sein de l'Empire russe, persécutés par les communistes, déportés puis exterminés par les nazis. Oui, les hassidim se positionnent en martyrs et évitent de s'intégrer mais ne sont-ils pas aussi avant tout des descendants de survivants qui cherchent juste à se protéger de notre société auto-destructrice. Mais Unorthodox est surtout l'histoire d'une jeune femme qui brutalement décide de se défaire d'un costume qu'elle ne peut plus porter, qui trouve le courage de se désenchaîner, de s'arracher cette première peau ... car, oui, c'est bien de cela dont il s'agit : d'une mue, d'une transformation douce, difficile et irréversible avec tous les doutes, les peurs et les séquelles que cela implique. Et c'est précisément dans l'immense talent de cette actrice pourtant si mince, si frêle et si fragile que se concentre toute l'excellence de cette série. Avec simplement son regard, cette sensibilité dans les expressions de son visage et quelques gestes délicats, Shira Haas extériorise toute une palette d'intenses émotions. Totalement impliquée dans son rôle (son grand-père fut un survivant emprisonné dans le camp de concentration d’Auschwitz), corps et âme (en apprenant le yiddish, en prenant part à des rites satmar, en se rasant la tête et portant des perruques), l'actrice israélienne fusionne avec le personnage d'Esty, nous faisant ressentir ce même feu qui l'habite avec toujours ce soin à rester pudique, respectueux et désintéressée. Unorthodox ne juge jamais ; c'est une mini-série audacieuse par la force de son sujet, de ses images (la sublime scène du lac comme une renaissance) et par la virtuosité du jeu de son actrice principale.