Comme c'est le cas d'un nombre grandissant de films et de séries anglo-saxonnes, produites depuis une dizaine d'années, "Invasion", est un produit "engagé" (=commited). Son but évident est de prêcher avant tout la bonne parole "Woke", assourdissantes sur les campus, dans les sphères politiques et médiatiques, tant en Grande-Bretagne qu'aux Etats-Unis. Ce "Wokisme", pour faire simple, prône une propagande, à la fois néo-féministe, multiculturaliste, "indigéniste", et pro-LGBTQ. Comment cela se traduit-il à l'écran? 1/ Une prédominance des femmes dans les rôles principaux. 2/ Une hyper visibilité des personnages issus des minorités, ou incarnant la communauté LGBTQ. 3/ une attribution des rôles secondaires, sinon négatifs aux personnages censés évoquer la masculinité, ou les valeurs "patriarcales" de la société occidentale. Une fois ces contraintes idéologiques bien mises en place, les créateurs "Woke" se dispenseront de pertinence dans les choix artistiques, d'effort de rigueur dans le réalisme des contours psychologiques des personnages, et surtout de précision et de finesse dans le déroulé de l'intrigue. Résultat: dans "Invasion", nous avons, non pas des personnes, mais des clichés ambulants. D'abord, le cliché de l'étranger qui veut s'assimiler à la société occidentale, sa société d'accueil, l'Amérique. A tel point, qu'il en oublie ses obligations de fidélité vis-à-vis de sa femme, et de protection vis-à-vis de ses enfants. Certes, il se rachète tardivement, mais c'est sa femme qui se montre l'être responsable du couple, du début à la fin, et qui sera l'élément salvateur principal. Un autre cliché, l'incontournable couple LGBTQ. Seules, en butte contre les forces réactionnaires et machistes, elles sauveront la mise à l'humanité. Nous n'échappons pas au cliché du soldat noir, "l'élu", car "racisé". Il échappe miraculeusement à toutes les catastrophes, tout et apportant sa contribution à l'entreprise salvatrice de l'humanité. Nous avons enfin, le cliché de l'ado vulnérable. Faible face aux harceleurs, il est défendu par sa copine. Ce cliché se double d'un autre: la cause de son traumatisme vient de son père violent. Estimant qu'ils ont respecté leur cahier des charges, Jakob Verbruggen et Amanda Marsalis, les réalisateurs, ainsi que scénariste et producteur en chef, David Weil le réalisateur n'ont donc pas cherché à se montrer originaux dans le projet, qui sent tout de même pas mal le réchauffé. Celui-ci nous est développé avec une lenteur de corbillard, et des scènes, pauvres en action, étirées à l'extrême. Les aliens ne nous sont dévoilés véritablement qu'au 7ème épisode (sur 10 !!!). Le pire de tout étant que le dernier épisode, censé être le dénouement, n'explique véritablement aucun des 4 mystères. Bien au contraire, il relance toute la machine, en prévision de la saison 2, de toute évidence. Aux amateurs de SF de qualité, il est préférable de (re)voir "The Darkest Hour". Certes, ce n'est pas une série, mais sur le thème de l'invasion alienne, l'histoire est bien meilleure, plus pêchue, plus courte, plus innovante, et en plus, avec juste deux ou trois bouts de ficelle. En revanche, "Invasion", comme la plupart des entreprises "wokistes", condamne le plus alerte des cinéphiles, au coma le plus profond. A ne regarder, que sur son canapé, le pyjama déjà enfilé, et les dents déjà brossées.