Manga-événement au Japon depuis sa sortie originale en 2006, "Kingdom" de Yasuhisa Hara sort très tardivement en France avec douze ans de retard. À l'heure où sont écrites ces lignes, l'édition française tente de rattraper son modèle d'origine. Le phénomène est en marche. Toujours inédit en revanche dans nos contrées, l'adaptation en animé par le studio Pierrot ("Naruto", "Bleach", "Blue Dragon"...) a déjà fait ses preuves au Japon pendant deux saisons entre 2012 et 2014, comptabilisant 77 épisodes en suivant de près le matériau d'origine... Réalisé par Jun Kamiya ("Hikaru no go", "Blue Seed"), le dessin animé n'arrivera malheureusement pas à rentrer dans les annales en dépit de son illustre modèle. La faute principalement à une animation bâtarde où sont mélangées animation traditionnelle de qualité correcte et cell-shading approximatif parfois d'une rare laideur. Censé rendre plus moderne l'adaptation, ce procédé daté n'apporte rien et empêche hélas la série de côtoyer les grandes. Car, au-delà des graphismes peu aidant et des doublages peu mémoriaux, le scénario est d'une richesse et d'une efficacité à toute épreuve. L'histoire, plus complexe qu'elle ne parait, narre les aventures de Shin, jeune orphelin vengeur aussi doué à l'épée qu'inexpérimenté et impétueux. Il va croiser malgré lui sur sa route le roi légitime du royaume et l'aider à remonter sur le trône alors que son jeune et diabolique frère lui a usurpé sa place. Divisée en deux parties, la saison 1 s'intéresse à la reprise du pouvoir par le roi Ei Sei puis à son combat contre des ennemis venus d'ailleurs. N'hésitant pas à concevoir des séquences entières de dialogues pour expliquer les stratèges requis pour attaquer, "Kingdom" ne la joue pas série d'action bourrine. Et si batailles et combats il y a, ils sont surtout le résultat de plans militaires bien concoctés au préalable. Faisant évoluer ses personnages avec soin, décuplant les moments forts au fur et à mesure, puisant aussi bien dans l'Histoire de Chine que dans les grands classiques de films, la série nous happe sans problème et ne nous lâche qu'à de rares instants ratés (notamment lors de l'épisode 15 et sa facilité scénaristique ringarde). Bavard par moment mais jamais ennuyeux, ponctué de brefs passages comiques sans être lourdingues, épique dans ses idées de batailles mais hélas mal mis en scène, "Kingdom" vaut néanmoins le détour, notamment pour ceux et celles qui ne connaîtraient encore pas le manga.