Depuis de nombreux mois, Arthur, pourtant célèbre sur Youtube, ne sort plus de vidéos. Une altercation avec une jeune collègue, filmée lors d’une conférence publique, lui fait perdre encore plus d’abonnés. C’est alors qu’il découvre une nouvelle fonctionnalité de la plateforme qui lui promet de le remettre sur le chemin de la création. Une aubaine, sauf que la première suggestion de l’algorithme consiste à réaliser une vidéo avec la jeune fille vilipendée lors de la conférence. Mais ce n’est que le début des étranges suggestions de cet assistant en ligne qui semble tout connaître du youtubeur.
Youtube est-elle la plateforme de création idéale ? On pourrait le penser : modernité, liberté, expérimentation, interactivité, réactivité, proximité... sont autant de qualificatifs qu’on pourrait attribuer à la célèbre plateforme de partage vidéo.
La vie des youtubeurs n’est pas si rose qu’il n’y parait. La proximité tant louée entre les créateurs et les spectacteurs permise par les commentaires peut rapidement se transformer en ingérences, voire harcèlements. Le youtubeur ne se retrouve pas face à un ou deux producteurs comme à la télévision mais à des millions d’anonymes jamais rassasiés. La liberté apparente de ton et de genres se heurte à un algorithme de mise en avant des vidéos que chacun cherche à percer, au risque de dénaturer ses productions pour mieux se conformer à ce qui semble marcher dans l’espoir d’exister au milieu de cet océan de contenus.
Et si un algorithme capable de décortiquer le moindre commentaire, utilisait toutes les informations laissées quotidiennement par les utilisateurs sur Youtube pour aider les créateurs à concevoir des vidéos "optimales", calibrée pour le succès ?
Cet algorithme se nomme Preview et s’il peut sembler extraordinaire, il n’en est pas moins crédible et s’appuie sur des technologies existantes. Confronter nos personnages vidéastes à cet assistant aussi formidable qu’intrusif est un moyen d’exacerber les problématiques actuelles de la création sur internet (place de la femme, pressions des spectateurs, débrouilles et économies, conventions publiques, inspirations, solitude...).