WandaVision est une série qui nous a beaucoup intrigué en faisant le pari de mélanger les sitcoms des années 60 (Ma Sorcière bienaimée, The Dick Van Dyke Show, The Lucy Show...) et un couple de héros Marvel qui nous avait brisé le cœur
en tirant sa révérence
dans le film Avengers : Infinity War... Autant dire que l'on trépignait de voir un peu cet OVNI. Et effectivement, dans les deux premiers épisodes, le pari comique est réussi. Allègrement pompé sur l'humour un peu bébête mais si attachant de Ma Sorcière Bienaimée (la sorcière qui veut s'intégrer, le mari fou amoureux mais maladroit, l'invitation à dîner des patrons... il ne manquait que la voisine qui hurle "Albeeeert !!!", et la liste était complète), on aime assez ces deux premiers épisodes qui auront le mérite de faire découvrir à la jeunesse des "vieilles" séries qui n'ont pas pris une ride. On évitera de s'offusquer des gags saugrenus (Vision qui dégaine un ukulélé et chante pour détourner l'attention des patrons... c'est un peu gros) ou le scénario tiré par les cheveux (le patron qui est à l'apogée du désastre du diner et s'exclame : "
C'était génial, vous êtes promu.
"... C'est aussi un peu gros), ou encore sur la proportion immense de générique (début et fin, on atteint 10 minutes sur des épisodes de 30 minutes, surtout qu'il faut les regarder car ils contiennent des scènes post-génériques importantes...). L'épisode 2 est également bien drôle avec un Vision "ivre" et une Wanda qui rattrape comme elle peut ses catastrophes, un scénario vu et revu, mais qui continue de fonctionner. Mais, dès la fin de l'épisode 2, c'est la vraie catastrophe, celle qui va durer jusqu'à la dernière minute de cette saison et va en gâcher le visionnage : créer du mystère, c'est bien, faire n'importe quoi avec son scénario pour créer le buzz parmi les fans, c'est de l'ordre d'un mauvais scénariste. On tombe alors sur une Wanda
enceinte
en une seconde, ce qui arrive bien trop tôt dans la narration, sans être cohérent et en amoindrissant donc l'effet sur le spectateur (on nous lance la nouvelle comme une tarte en pleine poire). Et l'on était à peine remis de râler de ce choix narratif étrange que l'on se prend le revers : le "rewind final" (on rembobine et on refait la fin) qui nous impose sa fin alternative sans aucune explication et avec un effet visuel assez moche. On commence alors à comprendre sur quelle pente casse-gueule on se trouve : celle des épisodes qui ne vont plus tourner qu'autour de ces mystères de plus en plus gros, en oubliant complètement ses personnages, l'intérêt que le spectateur pouvait y porter, ou même un montage agréable à voir, tout n'est plus question que de faire parler les gens, en copiant les génériques de séries télé connues (Ma Sorcière Bienaimée, Malcolm,...) ou encore leur style de mise en scène (les apartés en face caméra fonctionnent dans des séries comme The Office ou Modern Family, mais ici cela fait clairement excessif et lourd). On incorpore des "memes" connus (vous vous rappelez de Angry Cat ? Mais si, le chat aux yeux fermés qui fait enrager une femme qui le pointe du doigt... Eh bien, vous ne pourrez pas louper la scène en fin de saison qui la copie, tant cela vous saute au visage). Mais, avec toutes ces références, que devient WandaVision, la série-même ? Elle étouffe, lentement mais sûrement, en négligeant ses personnages (le frère décédé
qui revient
aurait pu être un moment de tendresse mais on y a mis des dialogues d'un humour puéril, les enfants naissent en un demi-épisode et grandissent littéralement à vue d’œil, impossible d'avoir le temps de s'y attacher), en mêlant plusieurs styles de mise en scène qui sont des mélanges écœurants (les rires enregistrés omniprésents au début de la saison, puis on bascule d'un coup à des gags en regards caméra des personnages qui nous parlent sur fond sonore silencieux, soit un passage du jour à la nuit, sans transition) et surtout ne fait pas attention aux énormes incohérences qu'elle laisse passer (Geraldine qui se fait projeter au travers du mur côté bibliothèque qui donne sur le jardin, mais Vision qui est dehors pile dans l'axe ne voit rien du tout...). On sent que la série intéressait moins les scénaristes que le buzz qu'elle pouvait susciter, et on a préféré mettre l'accent sur tous les mystères de fin d'épisodes ("oh un hélico en couleur", "oh un apiculteur qui sort des égouts", "oh on est dans un cirque, maintenant"...) plutôt que sur la promesse de retrouver des aventures sympathiques avec Wanda et Vision. D'ailleurs, si l'on regarde la moitié des épisodes les yeux mi-clos et cerveau en ébullition (on ne comprend souvent rien de ce qu'il se passe, ce qui est voulu par le scénario), on se soulage enfin à l'épisode 8 qui apporte sur un plateau d'argent toutes les réponses à nos râleries "Mais pourquoi ? Et comment ?", une libération qui nous permet d'apprécier le neuvième et dernier épisode, un grand combat qui nous régale côté action épique. Mais le final, encore une fois, nous a dégouté : tout ça pour ça ?! On nous pond des personnages en un claquement de doigts (on fait revenir Vsion, on nous sort des enfants de sous le tapis) qu'on nous oblige à aimer au forceps pendant quelques épisodes, et lorsqu'on est bien contents d'y arriver enfin, on nous les retire de la bouche sans cérémonie (
on fait mourir les deux enfants et Vision...
). Et là, c'est un grand "non". Moralement, on est à la limite de l'acceptable (ces entités sont fictives, certes, mais elles ont une conscience, et les faire disparaître revient à éliminer des entités vivantes) et on a cette impression que tout ça n'a servi à rien, qu'une autre fin était possible (on n'était plus à une énormité près !), qui aurait gardé cette petite famille intacte et qu'on aurait pris plaisir à suivre dans une deuxième saison, pourquoi pas une vraie sitcom en famille, ou davantage tournée sur l'action en famille (à la "Indestructibles"). Mais non. Cela partait si bien, en bonne humeur un peu bébête mais très sympathique, le couple charmant y étant pour beaucoup (des Samantha et Jean-Pierre modernes), mais la suite qui ne cherche qu'à faire parler les gens nous a épuisé, puis brisé nos espoirs à la dernière minute. Beaucoup de bruit pour rien.