Trois livres non adaptés, le dernier remontant à presque dix ans... On pouvait légitiment penser que Josée Dayan avait renoncé à retranscrire l'univers de Fred Vargas jusqu'à la diffusion de « Quand sort la recluse » : il n'en est donc rien. Le retour est plutôt gagnant, la réalisatrice retranscrivant avec une certaine habileté l'univers si particulier de la romancière, son détachement habituel trouvant ici une forme de paroxysme. Quasiment aucune violence (ou toujours hors-champ), ton presque « suave », enquête étonnante dans sa manière d'être menée, d'abord à distance puis sur place, suivant un rythme déconcertant pour une production aussi grand public, prenant autant le temps de s'occuper de ses personnages (voire plus) que des meurtres. Cela n'empêche nullement le mystère d'être réel autour de ces meurtres, car si les motivations sont assez rapidement connues, la méthode demeure intrigante jusqu'au bout, quitte à décevoir un peu. Dommage que certains aspects ne soient pas toujours convaincants (toute la partie concernant Danglard, notamment, surtout lorsque l'on connaît l'attachement qu'on les deux hommes l'un pour l'autre, visiblement plus convaincante dans le roman), le scénario manquant parfois un peu de fluidité dans sa manière de regrouper divers éléments a priori très éloignés les uns des autres. Maintenant, et quitte à perdre un peu de densité (la dernière partie avec Retancourt et son archéologue est sympa mais un peu trop décontractée), voire de suspense (la révélation du coupable n'est pas franchement une surprise), il est plaisant de voir une production France Télé être à contre-courant de ce que l'on peut voir systématiquement, prenant son temps et respectant l'intelligence du spectateur, l'écriture plutôt habile d'Emmanuel Carrère comme l'interprétation (certains plus que d'autres, quand même) donnant plutôt satisfaction : c'est à saluer.