Sous la plage, les pavés, et des lignes blanches.
Je me laisserais bien aller à dire que White Lines possède tout ce qu'il faut. Une enquête qui tient la route, des personnages bien écrits, impeccablement incarnés, fêlés psychologiquement, émotionnellement et physiquement, un décor de rêve propice aux excès, dérives et lâchés-prise en la personne d'Ibiza, et un réalisateur (et créateur) inspiré.
Allez, je le dis, la série d'Alex Pina a été pour moi une expérience réussie sur toute la ligne. D'un côté, une intrigue policière qui lance l'histoire très rapidement et nous fait découvrir à travers des flash-backs et des allers-retours Ibiza Manchester la victime tuée 20 ans plus tôt (destructeur et magnétique Tom Rhys Harries), ses amis ainsi que les différents suspects face à sa sœur Zoé (Laura Haddock) et sa recherche de la vérité .
Au fil des dix épisodes et au son de la folie de l'île espagnole, sur ses plages paradisiaques pouvant se faire hostiles, au cœur de ses nuits Gomorrhiennes endiablées, on va doucement rentrer dans la vie de toute cette pas si joyeuse brochettes de personnalités gravitant autour de la très rapidement présumée coupable et dysfonctionnelle famille Calafat. Boxer, le responsable de la sécurité, brute douce amère incarnée par un Nuno Lopes tout en nuances et aussi charismatique que redoutable va, aux côtés de Zoé, remuer l'insouciance et l'exubérance de la fête pour faire remonter les secrets qui rongent l'âme de chacun.
Sous ses airs de polar chatoyant et édulcoré, White Lines est surtout l'occasion d'une mise au point pour ses personnages et les situations farfelues voire parfois dramatiquement drôles cèdent le pas aux ressentiments et aux mises aux points.
Tout ce beau monde déraille, se cherche, se découvre et se perd sous la fureur dénudée, l'air iodé et la folie toxique d'une île qui ne dort pas.
Repoussant sans cesse le visionnage de la Casa De Papel, j'avoue que cette plongée dans des eaux turquoises où se débattent des personnages marécageux me donnerait presque envie d'accorder plus de crédit à la série "événement" d'Alex Pena.
Et pour les lignes blanches, la métaphore est évidente mais elle est aussi multiple. Sous le sable, les pavés, et des lignes blanches.