Cette série semble avoir été assez mal vendue : son titre renvoie à une œuvre dont elle s'émancipe grandement, créant le malentendu. Malentendu sans doute entretenu par la campagne marketing lancée par Canal+.
Ici, point d'explosions dans tous les sens, de tours qui s'effondrent, ni d'effets gores ou trashs, et encore moins de zombies. Howard Overman déploie, à la place, de bonnes idées, ingénieuses, certes moins couteuses mais également, pour certaines, plus réalistes, et, disons-le, quelque part plus adultes.
Qui peut croire, en effet, qu'une espèce alien disposant de technologies nous dépassant totalement, se fatiguerait à mener une invasion à coup de robots pilotés de l'intérieur et/ou de fantassins certes hématophages ? H. Overman nous épargne le déjà-vu et imagine une attaque, à la fois plus vraisemblable, mais ouvrant également bien davantage de perspectives (rappelons qu'il s'agit d'une série, qui a donc vocation à durer plusieurs épisodes voire plusieurs saisons).
Dans ces premiers choix, commence déjà le malentendu. "La Guerre des Mondes", version originale, est censée être une œuvre à peu près tout sauf réaliste, malgré ce que dit la légende sur la prétendue panique que sa version radiophonique aurait créée : l'invasion de la Terre par une espèce extra-terrestre très évoluée et dans le même temps très "bas du front", via des méthodes qui rappellent en fait bien davantage les méthodes humaines que celles que l'on pourrait imaginer d'une espèce venue d'ailleurs, et s'achevant par un échec cuisant causé par quelque inconséquence.
Or, H. Overman, sans chercher à tout prix la vraisemblance, a décidé de nous offrir une œuvre plus profonde, plus mature, et plus contemporaine. Cette série ne cherche pas tellement à nous faire peur, et certainement pas par des procédés faciles et éculés (rien que pour cela elle mérite des éloges), mais plutôt à nous baigner dans un sentiment d'incompréhension, de perte réelle, de danger inexorable qui n'épargne personne. Dans cette Guerre des Mondes là, le danger ne semble pas tant porter sur l'humanité que sur chacun, bref, sur des gens. Bien sûr, au final, c'est bien le sort de l'humanité qui est en jeu, mais non pas en tant que civilisation, plutôt en tant qu'espèce. D'ailleurs, les buildings semblent très bien survivre, eux, à l'invasion. En cela, l’œuvre me semble plus réaliste et plus en lien avec notre époque.
La première saison de la série d'H. Overman a, sans doute, aussi, le tort, sur le plan marketing, de se déployer en deux phases, à mon sens assez différentes.
La première, couvrant, disons, les trois premiers épisodes, me semble inspirée de films que l'on pourrait presque qualifier de poétiques, tels que "Perfect Senses" (de David Mackenzie) ou "Phénomènes" (de M. Night Shyamalan). Les personnages "fil rouge" apparaissent déjà, mais parmi de nombreux autres que nous perdrons en chemin. Le sentiment d'étrangeté, de perte, de danger, y sont très présents, exposant le spectateur à de nombreuses émotions.
La seconde est nettement plus classique et m'a davantage rappelé des séries que des films, et en particulier l'inachevé "Survivors" (version ans 2000) d'Adrian Hodges.
Les deux phases sont plaisantes, la première l'étant sans doute davantage de par sa singularité.
La première saison s'achevant sur une fin ouverte, et avec de nombreuses interrogations, j'espère qu'une 2nde saison sera produite, mais qu'elle sera également la dernière. Ayant adoré la première saison, je dois admettre qu'elle a quelques longueurs, et que le scénario, comme le parti pris, de cette série, ne se prêtent pas à d'infinis extensions de l'intrigue.