Avant de commencer, j'appréhendais l'étonnante capacité de Satoru à remonter le temps, car ça mène souvent à des facilités scénaristiques. Le gars a un pouvoir hors du commun et en plus, il est lié à l'enlèvement/meurtre de 3 enfants; ça fait beaucoup d'extraordinaire pour être plausible non ? Et comme si ça ne suffisait pas, il finit par plus ou moins maîtriser son pouvoir; cheat bonjour :)
Bon, je me lance tant bien que mal dans le truc. 12 épisodes sont vite descendus. Mais bon... déjà que la période qu'on traverse pue la mort, on me balance de l'enfant battu et tué, des adultes psychopathes et un héros plus qu'insipide; quel plaisir. Graphiquement, c'est sympa, ça sauve un peu la mise.
On peut limite envisager Hayo et Satoru comme deux opposés. Tandis qu'elle se révèle super consistante et intéressante, l'autre se roule dans le cliché et dans l'incohérence. La gamine battue a un recul de fou sur la vie, a compris que la vie en société n'est qu'une vaste hypocrisie, donc rêve de s'en évader. En face t'as un mec plat à mourir, parfait, un peu trop même. Jamais il ne lui prend d'hésiter (je ne pense pas qu'à 29 ans on sache exactement quoi faire en toute situation) ou d'avoir peur (il a quand même en face un tueur d'enfants en série, c'est pas assez flippant ?). On n'est pas dans un gros shonen donc l'auteur a bien plus de libertés, pourtant, il est passé à côté de la tension que représente sauver 3 enfants d'un prédateur redoutable. Et pendant que d'un côté t'as une mère ravagée par la dureté de la vie, de l'autre t'en as une absolument exemplaire, l'incarnation de la Mère parfaite comme on nous la vend dans les clichés.
Et plus globalement, conter une histoire menée par des enfants, c'est nécessairement compliqué. Adulte, on a du recul sur nos actes, de l'expérience, des valeurs ou que sais-je... qu'on a pas encore enfant. Alors, forcément, un adulte qui essaie d'imaginer des actions et interactions d'enfants, ça sonne faux. Ici, on oscille entre le larmoyant et le cliché du groupe de potes feelgood. Le deuxième flashback s'embourbe dans du rocambolesque digne... d'histoires d'enfants, pour enfants. Parce que 12 ans passés, on croit encore que c'est possible de cacher sa pote dans un bus abandonné ? Est-ce qu'on y pense déjà ?
On me vend un truc qui se veut tout de même plutôt réaliste au vu de sa dimension effet papillon. Mais dans le même temps, on part dans des absurdités totalement wtf.
De fait, tandis qu'on se vautre dans des gamineries, on fait l'impasse sur le prof pedo (que j'avais grillé dès le 3ème épisode, quel brouillage de pistes de qualité...). Au final, il n'apparaît que comme un psychopate, juste dérangé dans sa tête. Oui, ok, il a un grain. Mais, si on découvre que la mère de Hayo la bat car elle a elle même subi des violences, pourquoi son inclination pour le mal n'écope que d'une explication plus que foireuse ? Le truc des hamsters et du fil d'araignée, à d'autres hein. Le semblant de malédiction, c'est un peu trop facile. Il reste tout de même intéressant dans le lien qu'il crée avec Satoru vu qu'il explore le masochisme et la quête du sens de la vie.
Pendant ce temps, la passion du manga de Satoru est beaucoup trop passée à la trappe. On nous le vent comme un appat au début pour regarder en mode "waw il voulait faire mangaka, trop cool cet anime va m'intéresser pck moi aussi j'aime l'univers du mangaka". On nous en parle 30 secondes durant le développement. Et à la fin "ohlala larme aux yeux, il a réussi son rêve d'être mangaka". C'est bien Satoru, on est contents.
On se retrouve avec un truc gnangnan qui t'encense le fameux pouvoir de l'amitié résolvant tous tes problèmes (effets garantis, oui, oui). Waw. Un pedo qui veut coincer un enfant ne se fait pas neutraliser comme ça grâce au pouvoir de l'amitié de gamins de 10 ans --".
Dans l'idée, c'était plutôt intéressant de mettre sur le devant de la scène la violence subie par les enfants. Mais dans les faits, c'est bancale. Clairement, 12 épisodes c'était trop serré pour raconter une histoire de ce type. On fait malheureusement l'impasse sur beaucoup d'explications ou approfondissements pour se retrouver avec un truc rushé, faisant appel à des facilités scénaristiques et qui se finit en happy ending gnangnan à mourir.