Je lis certains dire ici que la série propose un point de vue caricatural du monde dans lequel nous vivons et particulièrement du populisme. Et bien en tant que brésilien permettez moi non seulement de ne pas être d'accord, mais en plus de m'opposer très franchement à ces propos. Ce fut aussi vite que l'éclair : en un rien de temps, les fake news délirantes sont devenues des faits acceptés par la majorité des brésiliens (64% pour être précis) et celui qui autrefois était considéré comme le fou assis au fond de l'assemblée nationale est arrivée au pouvoir et, depuis, poursuit son inexorable ascention. Le Brésil est en train de devenir une dictature ; à moins de stopper Bolsonaro, celui-ci ne cessera de devenir de plus en plus puissant, avec la bénédiction d'un peuple obnubilé par un relativisme absolu qui permet toute folie rhétorique, toute croyance au nom d'une liberté qui défis toute notre science, si durement acquise au fil des siècles. Ce relativisme absou est mis en avant par la série dès le premier épisode, dès les premières minutes. En fait, la série n'exagère strictement rien : Viv est exactement le portrait du parfait populiste du 21ème siècle, et ils prendront le pouvoir, à n'en point douter, tellement les sociétés sont occupées à se dire que tout va bien et que les dicours apocalyptiques des sociologues, des biologues, des artistes qui créent des séries comme celles-ci, est une exagération dans le seul but de faire le buzz. Ne vous détrompez pas, la série n'exagère rien, au contraire, ce qui se passe dans certains pays du monde (Pensez au Nicaragua, aux Philippines, au Brésil - et je ne parlerai pas de pays comme la Corée du Nord, ce serait trop facile) est pire! Pas plus tard que le 19 avril le président Bolsonaro s'est offert un bain de foule avec des manifestants, en pleine crise sanitaire, demandant la fermeture de l'assemblée, du sénat et des tribunaux fédéraux, mais aussi le rétablissement d'une loi des années 70 qui, pendant la dictature militaire brésilienne, autorisa la fermeture des médias contraires au gouvernement et la torture... Regardez donc cette série avec beaucoup d'attention et si vous êtes terrorisés à la fin, ne cherchez pas à mettre ça sur le compte d'une exagération propre à l'oeuvre d'art, car ce serait passer à côté du message grave, sérieux et pressant que la série souhaite faire passer : à force de promouvoir la liberté de dire ce qu'on veut, d'être ce qu'on veut, de penser ce qu'on veut, on a tout simplement laissé tomber le principe élémentaire de la philosophie et par extension de toute science, cette chose que l'on cherche (ou que l'on cherchait) depuis si longtemps, sans peut-être ne la trouver jamais, ce qui ne serait pas grave en soi, tellement le parcours de l'intelligence à lui seul vaut déjà le voyage : la vérité.