"Super Drags" est clairement la série animée qui fait un beau doigt d'honneur aux homophobes. Engagée et barrée, la dernière production animée de Netflix fusionne les codes de la drag culture avec ceux des dessins animés nippons à la "Sailor Moon". En soi, "Super Drags" pourrait être perçue comme le bébé animé de "RuPaul's Drag Race". Tout juste disponible sur Netflix à travers le globe, cette série d'animation brésilienne retrace les péripéties hautes en couleurs et en paillettes de trois amis et collègues, Ralph, Patrick et Doni. La majeure partie du temps, ils bossent dans un supermarché au sein d'un centre commercial. Mais lorsque le devoir les appelle, ces trois-là se transforment en super-héroïnes drag-queens, respectivement connues sous les pseudonymes de Safira, Lemon et Scarlet. Ce pitch n'a, en surface, rien de novateur. Les histoires de double vie, un but ultime imparable (sauver le monde, un grand classique), la tonalité "girly"... Des dessins animés nippons comme "Sailor Moon" suivent cette formule miracle et appartiennent d'ailleurs au même sous-genre, désigné "magical girl" ou "maho shojo" en japonais. Mondialisation oblige, ce type de série animée-là s'est ensuite exporté et a donné lieu à des émules occidentaux comme "Les Supers Nanas" et, à un certain degré, "Totally Spies". En théorie, "Super Drags" reprend ces mêmes codes, en les détournant de façon un peu plus osée, mais aussi plus graphique. Attention, en dépit de son animation colorée et juvénile, "Super Drags" n'est pas destinée à être regardée par des enfants. Il y a des jurons à presque toutes les répliques, des zooms sur les paquets turgescents de plusieurs personnages... En bref, ce n'est pas pour rien qu'elle est déconseillée aux moins de 16 ans. En revanche, pour peu qu'on soit réceptif à son animation ainsi qu'à l'univers drag-queen dans son ensemble, "Super Drags" est une réussite honnête. Seuls les hétéros fermé(e)s d'esprit n'y trouveront pas leur compte. A chaque épisode, notre trio de super-héroïnes flamboyantes doit déjouer les plans de Lady Elza, une drag-queen sur le déclin aux allures d'Ursula dans "La Petite Sirène". Ses objectifs ? Diviser la communauté gay, imposer un standard de beauté ou encore instaurer une thérapie de conversion pour "guérir" les homosexuels. Autrement dit, la puissance de "Super Drags" réside dans ses intrigues, amenées de façon infantile et qui font pourtant écho aux problématiques bien réelles auxquelles doivent faire face les membres du spectre LGBTQ. Derrière son ton léger, "Super Drags" dénonce l'homophobie. Mieux que ça, elle réussit, en prime, à mettre en lumière les aspects les moins reluisants de la communauté gay, comme une certaine homophobie intériorisée ou encore la normalisation d'un idéal de beauté superficiel et pernicieux. Et si elle se focalise sur ces sujets portant peu à sourire, la série animée se rattrape par son humour décalé, qui fait honneur aux valeurs de la drag culture. Un exemple ? Pour terrasser un ennemi, Safira, Lemon et Scarlet doivent se lancer dans une battle de play-back sur du Bonnie Tyler. Bien qu'elle ne compte au final que cinq épisodes d'une vingtaine de minutes, il y a plein de choses à scruter et à analyser dans cette première saison de "Super Drags". Sans être la série la plus drôle au monde (on frôle rarement le fou rire, soyons honnêtes), elle fonctionne de par sa fusion de deux genres, de deux cultures distinctes. Elle risque surtout de parler davantage à un public homosexuel, principalement à cause de son jargon et de ses références, pas toujours évidentes pour un hétéro lambda. Au pire des cas, pour ce dernier, "Super Drags" peut être une entrée en matière efficace pour mieux migrer vers la folie décadente et addictive de "RuPaul's Drag Race". Bref, une magnifique série d'animation drôle et déjantée, qui ne se prend pas la tête et qui la met bien profond à tous les homophobes, sans le moindre complexe. On retrouve ici une parodie des "magical girls" ou des "Totally Spies" dans un style aussi hard que "Rick et Morty", voir pire vu le nombre de fesses gratuites. En tout cas, cette mini série télévisée d'animation est clairement l'une des séries originales Netflix que j'ai pris le plus de plaisir à découvrir et à visionner sur la plateforme