Avec Deadpool au cinéma, l'adaptation de comics touche désormais un genre plus adulte et mature, tout en s'assumant comme pur produit de divertissement.
Nous attendions donc qu'une série TV fasse la même chose sur le petit écran, et c'est arrivé avec Doom Patrol.
Imaginez : les pires super-héros, ratés de la vie, qui échouent presque tout ce qu'ils essayent, doivent sauver le monde d'une super-villain surpuissant et retrouver leur "professeur Xavier" à eux, enlevé par le méchant dès le 1er épisode.
La série ose tout, y compris les situations WTF et improbables. Série adulte, Robotman /Cliff passe son temps à jurer, chose impensable dans les séries destinées aux ados où les héros peuvent tuer des centaines de personnes, mais ne peuvent sortir un seul gros mot.
Le grand méchant Mr. Nobody se permet de briser le 4ème mur, en s'adressant directement aux téléspectateurs, pour décrire la situations des protagonistes, façon voix-off barrée.
Alan Tudyk y est jouissif dans ses délires mégalomaniaques et ses monologues de bande-dessinée, qui cache bien des choses...
J'adore le décalage quand un évènement se produit et que l'équipe essaye de se préparer, les meneurs demandent de venir à Rita Farr (Mme Blob) et Larry Trainor (l"homme invisible"/pile Duracell) et ils répondent avec un naturel flegmatique : "on préfère rester au manoir, le ménage ne va pas se faire tout seul".
Le casting détonne, à l'image du parti-pris entier du scénario : les deux acteurs connus, à savoir Matt Bomer et Brendan Fraser sont en costume de monstre dans 90% des scènes, reconnaissables à leur seule voix.
La révélation vient de la charmante et stupéfiante Diane Guerrero
, jouant un mutant à multiple personnalités, ingérable, semant la zizanie, mais qui sauve notre équipe de super-zéros plus d'une fois.
Mention également à la magnifique Rita Farr (April Bowlby), jouant avec un naturel rare cette ancienne starlette des années 50, critique acerbe du jeunisme en vogue à Hollywood, et de l'obsession pour la beauté plastique au cinéma.
Le personnage de Cyborg était plutôt difficile à transposer en live, et l'acteur Joivan Wade réussit haut la main, à donner vie à ce jeune homme moitié-machine,
personnage moderne, torturé par sa conscience et écœuré par son propre corps.
À l'image des deux acteurs connus, le personnage mystérieux et sombre du Dr. Niles Calder, interprété par le vieux routard Timothy Dalton, donne de la profondeur à la série,
personnage dont les terribles secrets sont plus difficiles à affronter que le problème de l'épisode, sur lequel toute l'intrigue de saison repose.
Si tous les épisodes ne sont pas tous aussi jouissifs et bien écrit, avec des manques de continuité entre certaines intrigues, la série reste mon gros coup de cœur de ce début 2019.
Une série qui s'amuse à décortiquer les schémas-types des comics et séries de super-héros, égratignant le monde rose bonbon et propre sur lui des consœurs pour notre plus grand plaisir.