Au cinéma, Michel Leclerc et Baya Kasmi font partie des rares personnalités que je suis régulièrement. Aussi, lorsque j'ai découvert cette série réalisée par la seconde et écrit (entre autres) par le premier, cela ne pouvait qu'attirer un minimum mon attention. Celle-ci s'inscrit dans la lignée de ce que le couple a pu proposer ces derniers temps : un réel capital sympathie, une louable volonté de lutter contre les stéréotypes, évitant aussi bien de stigmatiser que d'idéaliser les différentes communautés. Les musulmans en prennent ainsi (gentiment) pour leurs grades, le tout restant souvent dans un esprit (trop?) bon enfant, à quelques (bonnes) exceptions. On sent très vite qu'il y a une écriture clairement au-dessus de la moyenne, offrant pas mal de scènes assez drôles, à défaut de retrouver la verve et le plaisir du « Nom des gens » ou « Télé Gaucho ». Constat assez identique pour l'interprétation : plutôt de qualité, certains n'ayant pas peur d'en faire trop avec talent (notamment Biyouna). Pas sûr, alors, que certaines sous-intrigues soient indispensables, notamment dans un dernier épisode frôlant parfois la démagogie
(je parle, évidemment, du bébé adopté)
: surtout, difficile de passer outre une forme... informe, à base de couleurs insipides où l'on se sent, pour le coup, vraiment devant la télé. C'est quelque chose que j'avais déjà ressenti dans « La Lutte des classes », se confirmant, voire s'accentuant ici, et c'est d'autant plus dommage que (nettement) plus d'ambition formelle aurait sans doute permis à ce « Grand Bazar » de s'approcher de l'excellence. On aura « seulement » droit à une bonne comédie (légèrement) dramatique sur le thème ô combien moderne de la famille recomposée et de l'influence de la religion, de l'entourage sur le quotidien d'un couple et de ses enfants : attachant.