Avis Nous, La Vague - Page 3

Une série où les personnages sont attachants, aux péripéties qui donnent envie de les suivre.
Mais il y'a beaucoup de clichés et surtout beaucoup de situations pas très réalistes qui donnent un peu de mal à y croire.
Les idées véhiculées sont profondes et réelles mais les personnages n'ont pas l'air de s'y intéresser réellement et font surtout semblant.

En gros, il vaut le coup de voir cette série, vraiment. Vous n'allez pas vous ennuyer. Et si vous avez l'esprit lucide. Vous allez voir plus de bien que de mal dans cette série.

J'étais assez enthousiaste à l'idée de regarder cette série. J'avais beaucoup aimé le livre et le film, les thèmes me parlent, du coup le traitement en série m'intéressait beaucoup. Qui plus est, je suis toujours curieux quant au traitement de l'aspect teen dans les séries, d'autant plus qu'étant allemande, cette série avait de quoi se distinguer des séries et films teens (entre autres choses) américains. Au final, j'ai été assez déçu par cette série.
Notamment, le côté teen. J'ai été très déçu par ce traitement des adolescents, un traitement du lycée que j'ai trouvé très américain, avec les clichés habituels, les romances habituelles, et tout cela. J'exagère un peu, tout n'est pas forcément à jeter dans le traitement des personnages, ce n'est pas non plus dans le bas du panier des séries teens. Mais j'avoue que m'attendant à une série allemande, avec donc des développements et des archétypes peut-être différents de d'habitude, je suis tombé de haut avec une série me laissant un goût d'américain.
Concernant les personnages, je trouve que l'évolution de certains d'entre eux est trop rapide et que le synopsis fausse un peu la donne, ce qui a du renforcer le problème que j'évoque ci-dessus. On nous dit que ce sont cinq marginaux, et pourtant, leur marginalité se discute. spoiler: Le centre du groupe, nouveau venu dans le lycée, est marginal par le fait qu'il est en prison. Cela dit, on tombe dans le classique du branleur un peu cool qui du coup se fait des potes rapidement. J'ai du mal à voir également la marginalité parmi les deux filles du groupe. Léa est une fille de bourgeois en pleine crise d'adolescence et en opposition avec ses parents, paie ta marginalité, d'autant plus qu'elle ne semble pas avoir particulièrement de problèmes au sein de l'école. Et voilà qu'elle devient presque la plus radicale de tous, le plus rapidement. Zazie est un peu plus malheureuse en cours, chahutée par d'autres élèves, ce qui fait d'elle un peu plus une marginale. Mais là encore, du jour au lendemain, elle se lie avec Tristan, et très rapidement, elle devient hyper investie, à fond là-dedans, alors qu'elle n'était pas non plus particulièrement politisée. Mohamed, quant à lui, est marginal par son statut de seule personne racisée du lycée, mais il semble plutôt bien intégré parmi les élèves, si on excepte la bande de fascistes qui sévit à l'école. Seul Hagen, fermier dont le père va faire faillite à cause d'une boîte non loin, est réellement politisé en début de série et semble réellement mis à l'écart des autres, je trouve.
Ainsi, la plupart des ces personnages m'ont laissé perplexe à cause de leur évolution souvent trop rapide. Ils auraient gagné à être mieux développés, je pense que deux épisodes de plus auraient pu palier à ces soucis.
On en arrive au troisième gros point qui m'a gêné dans cette série: le traitement de l'aspect politique. On a comme thème notamment la place de la violence au sein de l'activisme et de la lutte politique. C'est d'ailleurs le sujet central, en opposition avec le livre et le film qui traitent plus de la facilité et de la rapidité avec laquelle peut se créer le fascisme. Là, les cinq adolescents décident que la société est pourrie, et qu'il est temps de faire quelque chose. spoiler: Sur l'injonction de Tristan, ils vont faire des actions qui vont monter en tonalité jusqu'à tenter à faire sauter une usine dans la ville. La violence est souvent sujette à débat dans la série, les méthodes sont souvent questionnées. Là n'est pas le soucis, ça me semble normal. Le soucis que j'ai avec ça, c'est concernant la morale que laisse entendre la fin de la saison. Alors qu'ils sont en train de faire leur coup, ça tourne mal, et Léa arrive avec toute une foule pour faire une action pacifique dans l'usine. Le tout en période de mouvement social, après les gilets jaunes, le mouvement pour les retraites, j'avoue que ça a pas mal résonné. La morale de cette première saison semble donc clairement être: "la violence n'est jamais une solution, seul le pacifisme peut faire bouger les choses." Ce qui est un crédo qui avantage sacrément les classes dominantes, et renvoie ceux qui protestent vers une manière de faire qu'on peut ne pas écouter.

Cette fin m'a laissé un goût amer, à cause de son côté très consensuel et du fait qu'on entend ce discours partout. J'espérais que cette question soit traitée plus finement, même pas forcément une réponse différente, juste qu'on nous présente réellement le dilemme entre violence et pacifisme, qu'on traite réellement de cette question, non pas qu'on nous resserve la sauce habituelle, pour surfer sur la vague (fallait que je la sorte) des discours sociaux, écolos et collapsologues.
Je lui mets quand même 2,5, parce qu'elle n'est pas ratée non plus, une bonne partie de ces déceptions sont très personnelles, et liées à mes propres attentes.

Cette série est plus qu'une adaptation libre du livre* et du film*, ces derniers étant excellents, c'est à la limite du mauvais goût. Elle aurait gagné en crédibilité si les personnages et les situations n'avaient pas été autant clichés, stéréotypés. Cependant, concernant les remises en question de la société de sur-consommation, et du rôle des réseaux sociaux, elle peut interpeller les ados, ou certains esprits encore peu ''concernés''. Mais le tout étant basé sur un scenario un peu faible, tombant facilement dans les poncifs, mettant plus en avant les émois et idylles que sur le réel problème voire danger ( réflexions sur les régimes autocrates, totalitaires ) mis en lumière dans le livre et le film, cela déclasse cette série. Les jeunes acteurs sont, par ailleurs, très bons. * Références: le livre : '' La Vague. '' de Todd Strasser, 1981, le film : "" La Vague // Die Welle '' de Dennis Gansel, 2008.