N’ayant pas lu les romans, j’ignore si les qualités et les défauts de « 3 body problem » proviennent de l’œuvre originale.
En tout cas, dans cette adaptation orchestrée par les showrunners de GOT, il y a effectivement de très bonnes choses et d’autres, franchement peu glorieuses.
Commençons par ce qui ne fonctionne pas selon moi :
D’abord, tout (et par tout, j’entends vraiment tout - au risque de frôler une tautologie) va bien trop vite, et les ellipses d’un mois (parfois au sein d’un même épisode) desservent absolument le potentiel, pourtant bien là, de toute la frustration et de la tension qui devrait s’emparer de nous face à cette histoire absolument fascinante.
Cette première saison, pour être véritablement passionnante, aurait dû être divisée en trois saisons.
Il y a tant de matière (l’immersion dans ce jeu vidéo réel, les casse-têtes qu’il impose aux protagonistes, il y avait tant à en tirer pour faire monter le suspense, et en augmenter sérieusement les enjeux !), pourquoi nous avoir privés de ces moments de délice durant lesquels on aurait pu prendre le temps de pleinement profiter des questions hallucinantes, du vertige existentiel, des obstacles auxquels ces personnages à qui l’on n’a pas le temps de s’attacher ?
Rien que le premier épisode aurait dû être scindé en trois !
La résolution va à chaque fois trop vite, le mystère n’a pas le temps de durer, les questions n’ont pas le temps d’être sincèrement exploitées dans la durée alors que c’est quand même quand on n’a pas la réponse à une question pendant longtemps que l’on savoure enfin celle-ci lorsqu’elle arrive.
Et pour ça, je ne sais pas si c’est à Netflix ou aux showrunners que j’en veux. Gâcher le tel potentiel de ce récit en le condensant au maximum, vraiment, c’est énervant.
Je crois d’ailleurs que les nombreuses incohérences de l’histoire viennent de tous ces passages amputés (non je n’ai pas lu le livre, mais je les devine facilement), et ces raccourcis mènent assez rapidement à des situations contradictoires, des non sens, qui nous éloignent de l’intrigue et de notre adhésion à celle-ci.
Concernant les questions relatives à la science pure, j’ai lu pas mal de critiques qui parlaient de physique quantique et je me dis qu’il est étrange de constater que les rares expert(es) en France la concernant soient si présents sur Allociné.
C’est effectivement tiré par les cheveux pour peu qu’on ait un peu de culture scientifique, mais de là à pouvoir affirmer que c’est plausible ou totalement non plausible de façon aussi péremptoire, eh bien… allez donc aider Étienne Klein à résoudre tous les problèmes liés à l’intrication quantique (ou même juste à parfaire la théorie de la decoherence quantique) plutôt que de traîner sur Netflix, la science semble vraiment avoir besoin de cerveaux comme les vôtres puisque même Einstein bloquait là-dessus…
Plus sérieusement, le côté scientifique surréaliste est justement fait pour faire rêver, et même si c’est tiré par les cheveux, est-ce que ça l’est vraiment plus qu’une civilisation extraterrestre qui projetterait de s’installer sur terre mais en communiquant très régulièrement avec nous 400 ans avant son arrivée ?
Bref.
Pour les côtes positifs, et il y en a :
Eh bien c’est beau, c’est mystérieux, ça fait rêver, et c’est malgré tout captivant.
La BO composée par l’incroyable Ramin Djawadi porte la série à un niveau supérieur (il parvient justement à insuffler ce que les ellipses soustraient à la série), et brille de nouveau par sa puissance et ses nouveaux thèmes déjà cultes.
J’ai longtemps insisté sur les points négatifs et je m’aperçois maintenant qu’ils permettaient en fait également de comprendre quels étaient les atouts de ce « Problème à 3 corps ».
Je m’arrête donc là.
J’attends bien sûr la suite, que je regarderai avec plaisir.