The Boy
C'est vraiment très sympa comme série, très agréable à regarder, ça coule tout seul, typiquement le genre de série qu'on peut "binge watcher", même si je déteste ce terme. Certains disent que cette série est extrêmement gênante, "malaisante", et hormis l'épisode 9, il me semble qu'aucun épisode ne m'ait procuré de sentiments de profond mal-être.
Et ça fait du bien de revenir à des épisodes de trente minutes, personnellement, si j'aime les séries, c'est pour cet aspect moins prise de tête, léger, on se pose, on arrête quand on veut, on peut faire autre chose pendant car l'image est souvent moins travaillée que dans un film, etc... Ce format rend la série très confortable, et un format cinquante minutes m'aurait sans doute rendu moins clément.
Au delà de ça la série est vraiment bien, les acteurs sont tous bons, hormis celle qui joue Leanne, qui est parfois un peu fausse quand elle joue la fille réservée, elle a tendance à surjouer. La série sait exploiter ses mystères, et sait surprendre sans amener les choses avec de trop gros sabots (sauf exceptions). Le twist de fin d'épisode 1 m'a vraiment surpris, je m'attendais à quelque chose qui ressemblerait à The Boy, avec une nourrice qui devient folle, seule dans cette maison avec cette poupée, en devant imaginer qu'elle est réelle. Mais comme l'indiquait subtilement son titre, tout tourne autour de la nourrice, et non du bébé.
Mais c'est un peu comme La Casa de Papel, c'est très prenant mais c'est pas toujours bien écrit, même si on reste loin selon moi de cette dernière, qui bat des records en terme de retournements de situation qui sortent d'un chapeau. Il y a un point commun entre ces deux séries, c'est à quel point certains personnages sont insupportables alors qu'ils sont censé être empathique. La mère pour commencer, Dorothy est vraiment exécrable, elle pourrait se pendre que je ne broncherais pas. Et Sean n'équilibre pas vraiment la balance, car un peu plat malgré tout. Seul bon point au niveau personnage, le beau-frère de Dorothy joué par Rupert "Ron" Grint, qui malgré son caractère de connard, est sympathique, et je ne saurais savoir pourquoi. La famille de Leanne est vraiment mal exploité et développé, ils apparaissent et disparaissent sans prévenir, qui leur donne un côté imprévisible mais qui révèle aussi une écriture un peu paresseuse. Et j'avoue avoir un peu de mal à m'attacher à cette bande de petits bourgeois, ambiance nouveau riche, sans la classe qu'on peut trouver chez les bourgeois.
L'écriture est donc le vrai point faible de cette série. La plupart des éléments posés au début de la série sont souvent oubliés, ou reviennent soudainement, comme exemple je citerai les échardes de Sean, qui ont une place prépondérante au début de la série, et offrent quelques scènes totalement viscérales, mais sont ensuite oubliées et reviennent dans le dernier épisode. Sa aurait pu être redondant de toujours le montrer avoir des échardes, mais les set-up/pay off sont souvent assez mal exécutés, les échardes sont trop montrées dans les premiers épisodes, et pas assez par la suite, il aurait mieux fallu répartir cela au sein de cette saison, plus harmonieusement, cela aurait créer un vrai crescendo. Beaucoup de choses seront probablement expliqués dans les futures saisons, mais on ressent tout de même que plusieurs scénaristes sont passés par là, et que chacun voulait explorer des choses différentes. Le début de la série pose pleins de chose autour de Leanne, les croix qu'elles confectionnent, la maison brûlée, la tombe, et toutes semblent oubliées ensuite. Je suis d'accord qu'il faut garder du mystère pour la suite, mais alors il faut faire ça autrement. Les découvertes de Julian arrivent trop tôt dans la série, et auraient plutôt dû être la conclusion de quelques choses. La fin de la saison arrive un peu comme elle arrive, une révélation énorme et soudaine, qui semble vraiment brutale, et n'arrive absolument pas comme une fin logique, encore une fois. Et j'ai rien contre les incohérences qui rendent le récit passionnant, bien qu'il y ait des limites à cela bien sûr, mais là cela n'est pas simplement incohérent, c'est juste un peu bâclé (de la façon dont c'est amené, pas dans la fin en elle-même). Et la secte pourquoi pas, mais c'est déjà beaucoup vu, et pas toujours bien fait (coucou American Horror Story), alors je serais assez exigent pour la suite. Niveau scénario, je sauve l'épisode 9, qui est vraiment excellent, une vraie bonne claque, très puissant, qui débarque pour le coup au moment parfait, pour être le plus impactant possible. J'ai senti dès le générique que l'épisode serait spécial, à nouveau réalisé par Shyamalan, le titre c'est "Jericho", ça allait être génial. Et le résultat est vraiment glaçant, bien mieux mis en scène que les autres épisodes en plus, bref, pas besoin d'épiloguer sur cette bombe, qui m'a vraiment laissé pantois.
Bref, Servant est une série qui s'apprécie avec le coeur, dont on entend étonnamment peu parler, et je préfère regarder ça que Sex Education saison 2...