J'avais bien aimé « Hippocrate » au cinéma : il y avait donc une certaine logique à ce que je finisse par voir la série télévisée, signée par le même Thomas Lilti. Si les deux scénarii présentent des similitudes (même hôpital, l'un des héros ayant pour parent une personnalité importante de l'établissement), les personnages et le contexte ont été entièrement renouvelés, accentuant peut-être encore plus le constat sur les conditions de travail difficiles (euphémisme) et le sentiment d'urgence permanent ressentis constamment par le personnel. C'est assez réaliste, permettant une immersion concrète et sans aseptisation du quotidien, renforcées ici par l'absence des titulaires, placés en quarantaine après une potentielle contamination. On évite intelligemment d'embellir excessivement les personnages tout en les rendant intéressants, attachants, hautement respectables dans leur dévouement constant, sans pour autant masquer leurs ambitions, plus ou moins importantes. Pas d'idéalisation, donc, à l'image d'un problème de places monstrueux ou de locaux moyennement tenus, sans parler des nombreux imprévus ou des situations d'urgence face aux patients en crise. Reste qu'un peu comme toutes les séries télévisées médicales, difficile de se renouveler constamment, ce qu'on ressent à mi-parcours, les épisodes frôlant presque la monotonie par moments. Certains détails peuvent surprendre, même si cela reste suffisamment bien fait pour que ça passe sans trop de soucis. La deuxième moitié fait par ailleurs le choix de quasiment privilégier le romanesque au médical, ayant au moins le mérite de créer plus de tension dramatique, quitte à se montrer moins réaliste et à en faire légèrement trop niveau « drama ». Bonne interprétation générale, avec un (gros) faible pour Alice Belaïdi, le soin apporté aux seconds rôles étant également à saluer. Bref, sans voir la série événement décrite par beaucoup, voilà une fiction française de qualité, on ne peut plus d'actualité tant elle résonne intensément avec l'actualité dramatique du moment. Reste maintenant à savoir ce que la seconde saison et son « retour à la normale » pourra apporter.