Si John Le Carré nous a écrit de vrais bijoux (The Spy Who Came In from the Cold, The Russia House, The Constant Gardener, et surtout A Most Wanted Man), tous ses romans adaptés au cinéma n’ont pas donné des chefs-d’œuvres. Et la faute n’incombe pas toujours seulement aux réalisateurs. The Looking Glass War est pénible, pas seulement à cause de la médiocrité de Frank Pierson, mais surtout à l’excessive complexité, au côté brouillon, et parfois peu vraisemblable de l’intrigue de John Le Carré, (lire notre critique à ce sujet). Pour ce qui est de cette série, The Little Drummer Girl, on ne peut parler d’échec, mais pas non plus de réussite. Et cela tant au niveau du travail de Le Carré, que de celui du réalisateur Coréen, Chan-Wook Park. Le Carré nous dépeint certains de ses personnages principaux, avec une extrême complexité, en cernant leurs motivations de manière très floue. Quelles sont les véritables croyances de l’actrice au départ ? Pourquoi accepte-t-elle de « changer de camp » ? En outre, les éléments historiques sur lesquels Le Carré repose ses dialogues, et articule les nœuds de son intrigue sont parfois inexacts, flous, voire totalement faux. Ainsi le héros Palestinien, parle plusieurs fois du martyr que lui auraient fait subir les Israéliens. En réalité, ces tortures ont été perpétrées par les Jordaniens. Pour ce qui concerne Park, la phase de préparation de la future espionne n’est pas parfaitement claire. Le sort réservé par le terroriste à l’espionne n’est pas mise en scène de façon crédible. Lorsqu’ils ont encensé l’autre œuvre majeure de Le Carré, Tinker, Tailor, Soldier, Spy [(=la Taupe [Voir aussi notre critique à ce sujet] ), les critiques avaient oublié la 1ère version en 1979, de John Irvin, bien meilleure que celle Tom Alfredson. De nouveau, en encensant la série de Chan-Wook Park, les critiques ont oublié d’aller voir ou revoir celle de George Roy Hill, sortie en 1983, moins détaillée, moins belle plastiquement que celle de Park, mais plus crédible, et pertinente d’un point de vue historique.