Philharmonia a été créée d’après l’idée de la productrice Rose Brandford Griffith, une "musicophile" de son propre aveu, qui, après s’être rendue compte qu’un orchestre était une une microsociété avec ses propres codes, a rencontré la scénariste Marine Gacem et lui a demandé de tisser une histoire se déroulant dans cet univers. Cette dernière a ainsi pu faire trois mois d’immersion à Radio France avec l’orchestre national afin d’écrire le scénario.
Etienne Perruchon, compositeur de musiques de films et fidèle collaborateur de Patrice Leconte, a été sollicité afin d’être conseiller musical sur la série. Dans un premier temps, il a accompagné Marine Gacem dans l’écriture des épisodes, en veillant à ce que l’intrigue soit crédible. Sa seconde mission a été de choisir un répertoire d’oeuvres musicales en adéquation avec la dramaturgie et de composer deux morceaux originaux, intitulés "Ten for Nine Eleven" et "Philia’s Song".
Avec la série, la créatrice Marine Gacem, la production et France 2 affichent une réelle volonté de démocratiser la musique classique. "C’est quand même très dommage [qu’elle] soit considérée comme de la musique élitiste ou super ringarde.", avoue Rose Brandford Griffith à AlloCiné. Pour autant, si Marine Gacem était partie dans l’idée de ne faire que de la musique classique, la productrice l’a convaincu d’inclure des musiques plus rock, plus variétés, afin de faire venir un autre public, qui pense à raison ou à tort que le classique n’est pas pour lui. Ainsi, Philharmonia contient à la fois des oeuvres du répertoire classique, des ré-orchestrations de titres pop/rock et des morceaux originaux.
Le principal défi de la série est évidemment revenu aux comédiens qui, aux côtés de musiciens professionnels de l’Orchestre National d’Île-de-France (l’ONDIF), ont dû faire illusion. Tous les morceaux ont, en réalité, été enregistrés en studio par l’ONDIF en amont du tournage. Toutefois, les acteurs ont dû suivre des cours pour apprendre la bonne gestuelle et la bonne technique. Ainsi, malgré leurs connaissances instrumentales, Marie-Sophie Ferdane, Lina El Arabi et François Vincentelli ont respectivement été coachés par le jeune chef d’orchestre Christophe Dhylis, le premier violon solo Ann-Estelle Medouze, et le timbalier solo Florian Cauquil. "Je n’ai jamais autant préparé un rôle.", a confié Lina El Arabi à AlloCiné. "On joue vraiment, on a vraiment travaillé les partitions. Le but, c’était que [le réalisateur] Louis Choquette soit le plus libre dans ses plans. Donc il fallait que dans nos gestes on soit le plus proche de la réalité.", ajoute-t-elle.
La mise en scène de Philharmonia, qui comprend notamment six scènes de concert, a été confiée au réalisateur Louis Choquette, qui s’est toujours tenu à un objectif précis : "L’intention de départ était de s’éloigner au maximum de la notion de captation. Capter des concerts n’était pas du tout notre but. Nous avons surtout cherché à utiliser la musique comme vecteur narratif.", a-t-il expliqué à Première.
La Philharmonie de Paris, lieu emblématique de la musique classique avec sa salle à 360 °, a servi de décor à la série et a permis aux équipes d’investir ses murs durant trois semaines.
La créatrice Marine Gacem est partie de son propre étonnement face au faible nombre de femmes chef d’orchestre - 4% - pour écrire la série et notamment sa protagoniste. "Une femme à la tête d'une grande structure musicale ça n'existe quasiment pas, alors en mettant une femme tout en haut de cet univers très masculin on voit comment cela provoque des réactions machistes, mais pas seulement. (…) Elle vient avec des idées nouvelles. Notamment l'envie de faire jouer des compositions contemporaines. Elle essaye de changer la façon d’aborder la musique classique, mais ce n'est pas simple.", confirme l’actrice principale Marie-Sophie Ferdane à AlloCiné.
La créatrice Marine Gacem a reconnu l’influence de la série Murder, qu’elle visionnait en parallèle de l’écriture de Philharmonia. "L'idée de femme forte mais tourmentée est là, en effet. De femme qui évolue dans un milieu majoritairement peuplé d'hommes. (…) La question de la diversité m'importe beaucoup également. J'essaye d'en mettre sur chaque fiction sur laquelle je travaille. Notamment sur Chérif, qui est un héros de prime-time d'origine maghrébine, traité comme n'importe quel français républicain.", a-t-elle déclaré à AlloCiné, avant d’ajouter : "Comme Shonda Rhimes le fait[,] je voulais une série populaire, chic et diversifiée."
Aperçu dans Trepalium, puis révélé dans Les Bracelets rouges, le jeune comédien Audran Cattin incarne, dans Philharmonia, le fils du percussionniste, Yvan Borowski (François Vincentelli). D’un registre à l’autre, il s’inscrit ainsi fièrement dans une veine engagée : "J’ai vu toutes ces références musicales, tous ces morceaux qui allaient être dans les épisodes, et je me suis dit ‘Putain, on va montrer ça à la télé !’. Passer de la maladie, quelque chose qu'on ne montre pas trop à la télé, à la musique classique, qu'on ne montre pas beaucoup non plus, franchement je suis ravi. Je défends des trucs et ça me fait plaisir. C'est de la télé utile, qui donne du sens.", a-t-il déclaré à AlloCiné.
François Vincentelli, qui interprète le percussionniste syndicaliste Yvan Borowski, arbore des cheveux longs et argentés. Un look qu’il a lui-même conçu : "Je voulais faire d’Yvan un chien fou. Et être en opposition avec Rafael Crozes (Tomer Sisley), le millionnaire toujours tiré à quatre épingles, qui maîtrise tout.", a-t-il révélé à Télé 7 Jours.