Rapidement, je me suis posé la question : aurais-je plus aimé si je n'avais pas lu le roman ? Très probablement. Aurais-je beaucoup aimé si je n'avais pas lu le roman ? J'en suis beaucoup moins sûr. Pourtant, difficile de reprocher concrètement quelque chose à cette adaptation fort fidèle à son modèle, clair, bien construite, ne cherchant pas à tout prix un suspense racoleur (notamment à chaque fin d'épisode), faisant preuve d'une belle fluidité pour passer régulièrement du passé au présent avec un intérêt souvent égal, rien de réellement essentiel n'étant oublié durant ces six heures et demie de programme sans ennui, malgré un dernier épisode un peu bancal et pas très bien fagoté, beaucoup moins intense que dans le livre. Reste que l'entreprise, efficacement menée par un Jean-Jacques Annaud professionnel jusqu'au bout des doigts (très joli générique, au passage), ne parvient jamais à retrouver le sel, la saveur de l'écriture de Joël Dicker, ses apartés (notamment en début de chapitre), certes impossible à mettre en images mais qui, justement, faisait toute la différence, amenant « La Vérité sur l'affaire Harry Quebert » de bon à excellent polar. Tout ça est un peu impersonnel, l'effet de surprise n'étant (évidemment) pas de mise. Les interprètes sont en général bien choisis, notamment Kristine Froseth, Nola Kellergan assez troublante (au passage, on a quand même pris le soin de choisir une actrice de 21 ans et non 15, au cas où la gent masculine se sentirait gêné!) et surtout Tessa Mossey, dont on sent chez le réalisateur un très grand intérêt, sans doute plus que dans le roman, en faisant un beau personnage tragique. Quant à Patrick Dempsey, il s'en sort avec les honneurs, même si j'avoue l'avoir trouvé un peu pâle pour un rôle aussi prestigieux, charismatique, imposant. Du bon travail, donc, de celui flattant l'ego des auteurs tant son texte est constamment respecté, à défaut d'une patte posée sur la production qui lui aurait permis d'espérer atteindre son modèle.