Série phare de la récente plateforme de streaming, "The Morning Show" est une pure réussite, en plus d'être une belle surprise ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas accroché à ce point avec une série. Sérieux, elle se dévore à toute vitesse. Et, d'après les thèmes abordés, je ne m'y attendais pas. Un peu comme l'a fait le film "Scandale" de Jay Roach, la série lève le rideau sur les coulisses d'une émission matinale américaine et surfe sur la vague d'un chaos médiatique à la sauce #MeToo...
"The Morning Show", c'est notre Télé Matin à nous, mais version plus bling-bling. Les présentateurs sont tape-à-l'oeil, ça respire la joie de vivre et surtout c'est regardé massivement à travers tout le pays. Les présentateurs sont des stars du petit écran que les téléspectateurs considèrent presque comme de la famille. C'est dans ce décor apparement idéal qu'une bombe éclate : le présentateur vedette (Steve Carrell) est accusé de harcèlement sexuel. Du jour au lendemain, la chaine le vire et cherche activement à balayer l'affaire sans faire trop d'esclandre. Entre crise existentielle et professionnelle, on observe les collègues de ce dernier gérer ce chaos médiatique. Car une fois les projecteurs éteints, les questions d'ambition, d'ego, de pouvoir et de tension dominent au sein de l'équipe du programme.
Avec son ton engagé et amplement féministe, pas de doute que "The Morning Show" est audacieux et périlleux... Depuis le début de l'affaire Weinstein (qui est mentionné dans la série), les mouvements de libération de la parole ont émergé un peu partout, et c'est #MeToo qui a le plus retenti. La série s'inscrit donc dans l'émergence de ces différents mouvements et prend le risque de se coller à tous les points de vue d'une affaire complexe : de la victime présumée, aux collègues en passant par ses proches et bien sûr par l'accusé... On se plait à contempler ce microcosme de l'ombre aux relations tendues où coups bas et non-dits sont monnaie courante !
Le plus jouissif à découvrir est le lien complexe et nuancé unissant le duo de journalistes Alex (Jennifer Aniston) et Bradley (Reese Witherspoon). Entre solidarité féminine et manipulation, les joutes verbales entre les deux sont un régal et poussent inexorablement la série vers le haut. À cela vient s'ajouter la descente aux Enfers d'un présentateur télé renommé, élément déclencheur de toute la saison et fil rouge on ne peut plus complexe et actuel. Ce trio principal d'acteur est pour moi l'atout majeur de "The Morning Show", mais très vite, d'autres personnages viennent tirer leurs épingles du jeu, comme Gugu Mbatha-Raw, Karen Pittman, Mark Duplass ou encore Billy Crudup. Franchement, cette galerie de personnages tout en nuance impressionne et permet de placer le débat à un niveau rarement atteint, et ce, sans pour autant être militante ou consensuelle.
La série a aussi le mérite de construire une série addictive et bien construite autour du chaos qu'elle raconte... Ici, le divertissement ne laisse pas indifférent. Les coups de mou sont rares, les vertiges sont nombreux, les dialogues sont percutants et terriblement bien interprétés et les interactions dans l'univers des médias respire l'authenticité. De nombreux passages prennent au ventre dont le final qui arrive crescendo. Je pensais pas dire ça mais Jennifer Aniston est bluffante, insaisissable et vraie. Elle apporte énormément de cachet à cette série qui offre son éclairage sur une société qui se refuse désormais à fermer les yeux, tout ça en filigrane du star system...
Très belle réussite pour Apple TV+ ! Dommage qu'elle ne connaisse pas plus de visibilité et qu'il faille attendre encore un peu avant de voir apparaitre la suite...