Cette série a le mérite de vouloir dépeindre Daech de l'intérieur, et à l'heure où cette organisation terroriste continue de faire des ravages partout dans le monde, c'est sans doute courageux car véritablement périlleux et sujet à polémique. L'histoire suit le parcours de cinq Britanniques musulmans, deux hommes et deux femmes dont une avec son enfant de neuf ans, à partir du moment où ils atteignent la frontière syrienne. Cela permet d'évoquer différents aspects de l'organisation de Daech comme la propagande, le traitement des minorités (femmes esclaves), la place de la femme, l'entraînement militaire, l'embrigadement des enfants, les exactions, et de dénoncer par exemple la complicité des Turcs ou encore la facilité avec laquelle les réseaux salafistes occidentaux envoient leurs recrues au Proche-Orient. Cette série laisse toutefois un sentiment malsain d'une certaine complaisance, à la limite de l'apologie, avec ceux qui rejoignent les terroristes islamistes, devenus ici globalement sympathiques. Si le but recherché est de dissuader les jeunes Occidentaux de rejoindre Daech, il aurait fallu appuyer fortement sur les moyens de recrutement mis en œuvre par cette organisation afin de mieux démonter leur argumentaire. On se contente là de montrer des recrues sur place ayant de nombreux états d'âme (mention spéciale à la femme médecin qui tombe des nues à chaque fois qu'elle découvre une atrocité), restés humains avec leurs doutes, rejoignant de très nombreux convertis occidentaux aux motivations inconnues, alors que le format très court de quatre épisodes ne permet pas de développer la psychologie des personnages de façon intéressante. Certaines scènes, comme le bombardement (occidental ?) de l'hôpital de Raqqa avec la vision de bébés morts, pourraient même justifier le choix de ces terroristes et augmenter l'empathie à leur égard. Sur la forme, les acteurs principaux jouent de façon très convaincante et décors et costumes sont très réussis.