Eve a un boulot ennuyeux au MI5 et rêve d'espionnage grandeur nature, quand l'occasion se présente de faire ses preuves dans une affaire de tueuse à gages mystérieuse.
Villanelle a un boulot de tueuse à gages ennuyeux. Pour l'agrémenter, elle le pratique avec une grande inventivité au dépend de la discrétion nécessaire à ce genre de contrat et au grand dam de son mentor qui supporte de moins en moins ses facéties.
Lorsque la première commence à enquêter sur la deuxième, les deux se lancent à corps perdu dans un jeu réjouissant du chat et de la souris qui nous révèle leurs personnalités et un monde de secrets.
Tout l'intérêt de Killing Eve réside dans ses deux personnages principaux, Eve et Villanelle, une enquêtrice des services secrets britanniques et une tueuse à gages d'une organisation aux motivations obscures, que nous voyons évoluer en miroir, avec leurs propres ambivalences et questionnements : équilibre vies affective et professionnelle, sexualité, attirance/répulsion mutuelle du prédateur et de la proie, Pour qui est-ce que je travaille réellement ? Qui sont les gentils ?
Toutes ces thématiques (et bien d'autres) sont abordées le plus souvent avec subtilité, sans moralisme, et non sans humour, malgré l'atrocité des meurtres et l'apparente insouciance de la meurtrière, dans un chassé-croisé classique mais aux rebondissements inattendus grâce à la personnalité des deux premiers rôles.
Le récit nous met à la place d'Eve qui découvre ce monde, décalée, horrifiée comme nous par ce qui s'y joue alors que les autres personnages semblent insensibles ou blasés face aux crimes odieux qui se perpétuent pour des causes qui les dépassent et se rendent coup pour coup.
La légèreté et l'humour glaçants de Villanelle ainsi que son comportement imprévisible et décomplexé, viennent contrebalancer le sérieux d'Eve.
C'est ce casting délicieux, ce contraste entre le recul des personnages blasés par cette violence et le décalage d'Eve qui découvre ce monde d'intrigues qui permet au récit de ne pas sombrer dans le gore crasse.
Par son ton original, cette série nous embarque joyeusement dans un genre maintes fois traité mais délaissé depuis longtemps en séries et qu'elle dépoussière efficacement. Attention, c'est un série continue les épisodes se suivent sans qu'il soit possible d'en sauter.
Genres et références
Espionnage, Serial Killer, ton anglais
The Avengers, Mission Impossible, The Fall
La série actuelle qui s'en rapprocherait le plus serait "the fall" pour la partie policière de l'enquête, le fait de connaître dès le départ la vie intime du criminel mais aussi le questionnement sur la fascination mutuelle du chasseur et du chassé qui peuvent intervertir leurs rôles.
Pour l'espionnage, je pense plus à "The Avengers" (chapeau melon et bottes de cuir) qu'à "Mission Impossible", avec moins d'humour que le premier et des situations plus réalistes mais avec quand même ce petit soupçon "d'esprit anglais" (écrit, c'est une production américaine) qui donne tout son sel à cette série.