On dirait au premier abord que cette série a été réalisée pour les enfants. Mais elle est dure... elle tend à établir le féminisme comme fantasme de pré-adolescente et rien d'autre, à jamais. Les critiques semblent tomber dans le panneau et prendre la série au premier degré... ils n'envisagent pas la possibilité d'un second degré, d'un double fond. Comme s'ils avaient accusé OSS 117 d'être machiste, misogyne, raciste, et homophobe. Mais soit la réalisatrice est attardée, soit elle est furieusement conservatrice. On peut être sûr de la seconde option, Miss Waller-Bridge est un pur rejeton de l'establishment le plus réactionnaire. Les prénoms de la fratrie disent tout : Phoebe, Jasper et Isobel... l'équivalent français serait Mahaut, Côme et Ysaure... Il suffit de lire la suite de sa biographie sur le wikipédia anglais pour dérouler le reste de son pedigree : aristocratie, clergé, politique, écoles privées... Ce qui va avec n'est pas détaillé mais va de soi : chasse à courre, land rover, diners, bals, robes de soirée, rangs de perles de la trisaïeule, tennis, chevaux, yachts, Gstaad, Megève, Portofino, etc. Le pire est le racisme ouvertement affiché : pour une femme du rang social de Miss Waller-Bridge, toutes les tentations sont descendantes... Les mêmes tentations que celles du Baron de Charlus dans la Recherche, pour des inférieurs, des minables, des petits délinquants médiocres qu'il paie pour lui fouetter les fesses. La conclusion de la série est la même scène : une belle européenne bien blanche, bien polyglotte (il y a un concours de polyglottisme qui n'a de sens que dans un certain milieu), bien éduquée, bien brillante, aux placards bien remplis de robes de créateurs et au frigo bien plein de bouteilles de champagne
se fait poignarder au lit
par une fonctionnaire "chinetoque" au chômage larguée par son "polak" de mari (plombier peut-être, les Anglais aiment les stéréotypes ethniques tout autant que de genre)... "L'asiatisme", le "chinisme" ou le "jaunisme" de l'autre femme est au même titre que son chômage et son célibat un critère d'infériorité qui la rend intéressante pour la belle européenne supérieure. Ce que veut la belle, ce qui la tente, c'est la dégradation... et coucher avec une asiate, c'est bien pour se dégrader quand on appartient au milieu supérieur et exclusif qui est celui de Miss Waller-Bridge. La chinoise est là en tant qu'inférieure et tentation descendante pour la blanche européenne. Il n'y a pas plus raciste. Et sadique aussi d'ailleurs, puisque la jaune détruit l'appartement de la blanche (Saint-Germain, rue de Seine...), confesse sa jalousie à la blanche, et que cette confession illumine la blanche comme un soleil rayonnant dans son ego angoissé par le doute... Autrement dit, la bourgeoise blanche mouille sa culotte et jouit de la jalousie et de la souffrance de la prolétaire asiatique... Si j'étais fasciste, je mettrais cinq étoiles à la série de Miss Waller-Bridge... Mais comme je suis de humaniste, je lui mets zéro.
PS : C'est vrai que Miss Waller-Bridge arrive à faire passer sa came sado-raciste avec un certain talent artistique, et que cette audace est rare, c'est bien enrobé, très habilement, le packaging est impeccable, c'est rusé et audacieux, mais pour moi, l'humanisme prime sur l'art, donc zéro.
PPS : Il y a une scène d'un racisme furieux : l'aristo blanche envoie une robe de haute-couture à la prolo jaune, la jaune enfile la robe mais suite à une inondation, elle se retrouve trempée des pieds à la tête... décidément, la haute-couture française ne va pas aux petites fonctionnaires chinetoques qui épousent des plombiers polonais... Ah la la ! Si les races inférieures savaient garder leur rang, rester humbles, soumises, disponibles... la vie serait bien plus simple, n'est-il-pas ? En même temps, observer leurs tentatives misérables, leurs ambitions vouées à l'échec, leurs ratages, c'est bien divertissant. C'est mieux que la chasse à courre... Qui en plus a été interdite... on ne peut plus tourmenter les renards... il faut bien qu'on trouve de nouvelles victimes ! Hein ! L'appétit est toujours là, lui, il n'a pas été interdit, lui...