Alors là, ce n’était pas gagné, parce que les séries teen, c’est devenu un genre surexploité (et que je n’affectionne pas vraiment) ou tout semble avoir été dit. Et sur le papier, c’est un peu ça : tu as le droit au quaterback populaire, à la cheerleader, au fils de riche, au bal de promo, au dealer, au gay…
Mais c’est sans compter sur HBO qui pour sa première tentative dans le genre signe un coup de maitre en envoyant valser les codes et le politiquement correct (la série peut même se montrer très crue).
Dès les premières images, nous montrant un accouchement vu de l’intérieur, on comprend vite qu’on va assister à quelque chose de différent, avec ce personnage principal, Rue, qui va nous raconter l’histoire à travers ses yeux de camée sortant de désintox (nous laissant ainsi douter sur les faits qu’elle nous raconte). Ses monologues sont d’ailleurs souvent poignant et extèmement bien écris.
Au final, même si les personnages semblent stéréotypés au premier abord, la série va prendre le temps de gratter la surface, pour au final leur apporter pas mal de profondeur.
Chaque épisode se focalisant sur un personnage en particulier, nous relatant, via le regard de Rue, son enfance afin de nous faire comprendre les causes de ses troubles actuels, en arrivant à rendre attachant les plus détestables d’entre eux. Car oui, Euphoria dresse un portrait très sombre de la jeunesse avec leurs addictions, que ce soit la drogue, le sexe, les réseaux sociaux, la violence, la pornographie… le tout porter par un casting de jeunes artistes plein de promesses. On notera d’ailleurs une chose assez rare : HBO offre un des premiers rôles à une actrice transsexuelle. Et quel rôle, et quelle actrice !!! Hunter Schafer est envoutante dans son personnage aussi extravagant qu’attachant.
Mais celle qui perce l’écran, c’est Zendaya, qui arrive à casser son image Disney et verra certainement sa carrière décoller avec ce rôle (je vois mal l’Emmy Award lui échapper). Et pour avoir vu la série deux fois en une semaine (VF puis VO), je note au passage la grande performance de doublage de Victoria Grosbois, car une grande partie de l’intensité de la série repose sur les monologues OFF nous relatant l’histoire, et Waouh !!! Quelle classe !!!
Mais ce qui bluffe le plus, c’est la mise en scène souvent ingénieuse et on a le droit à des plans magnifiques sublimés par des lumières très saturées et une BO d’enfer. Ca nous offre parfois des scènes surréalistes (voir même jubilatoire). Jusqu’à une scène finale HA-LU-CI-NANTE à te décoller la mâchoire !!!
Bref, même si la série chorale est TRES sombre et parfois choquante, on tombe sous le charme de ses personnages, de son ambiance et de son côté humain et des émotions qu’elle nous fait vivre. Un vrai coup de cœur de cet été qui sort incontestablement du lot.
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