Au vu de la bande-annonce j’avais de très gros doutes, aussi bien sur le fait qu’il s’agisse d’une adaptation à la légère de l’œuvre polonaise, que du choix d’un casting multiculturel comme pour les séries américaines à destination des minorités.
Et la série évite de loin le navet redouté, mais n’est pas tout à fait réussie pour autant.
Une des choses positives, est qu’en voyant la série, on sait que la créatrice a lu les livres, contrairement aux yesman qui nous pondent des films d’après le résumé Wikipédia…
On sent que le show Netflix tente de surfer à la fois sur la vague de Game of Thrones, et de suivre la voie ouverte par la saga Le Seigneur des Anneaux / le Hobbit de Peter Jackson.
Et c’est en paraphrasant ces deux œuvres que la série se tire une balle dans le pied.
Là où l’on s’attend à voir une série nihiliste, sombre, mature, sale, amorale à souhait, la réalisatrice livre une version expurgée de tout ce qui pourrait choquer ou questionner, pour viser le plus grand public possible, cassant le postulat de base : c’est sensé être une oeuvre adulte sans fioriture qui ne prends jamais de gant.
La série aurait vraiment dû s’inspirer de l’excellent Taboo (2017), avec un personnage outsider retors à souhait, qui lorgnait vers le fantastique par moment, slalomant entre trahisons, espionnage, assassinat, conspiration et pouvoir, un héros taiseux, violent avec un code de l’honneur, c’est ça l’idée derrière Géralt de Riv.
Également, l’œuvre via ses personnages et leurs nombreuses rencontres fortuites est source d’humour, chaque personnage étant conscient de sa petitesse, de son aspect dérisoire, de ses limites, et s’en moque à cœur joie.
J’ai plus eut le sentiment de voir une sorte de résumé ultra-condensé et tous publics des 3 jeux vidéos de CDProject Red, que d’une vraie adaptation scrupuleuse et voulant faire honneur à la profondeur des personnages et des intrigues de pouvoir.
L’idée de découper l’œuvre en plusieurs chronologie ne fonctionne pas.
Pour une première saison, il aurait fallu se concentrer uniquement sur Géralt, et au fur à mesure de ses aventures, narrer les rencontres improbables avec Jaskier et Yennefer. L’intrigue autour de Cirilla est trop avancée dans le récit pour servir de base d’entrée au téléspectateur.
Si celui-ci n’a pas lu les livres ou joué aux jeux vidéos, il lui est quasiment impossible de comprendre les enjeux, la psychologie des protagonistes ou simplement l’univers du monde du Sorceleur.
Pas une mauvaise série, mais une série mal partie, qui passe à côté de la force du matériel d’origine et de toute la richesse de son monde.
Le casting est très variable : Henri Cavill n’a pas le talent pour les rôles où sa seule présence doit suffire dans une scène, idem pour la jeune actrice qui incarne Ciri, on ne sent pas ce côté résistant et déterminé qu’avait par exemple Maisie Williams dans le rôle d’Arya Stark de GoT.
Par contre, on note la découverte de la sublime et imposante Anya Chalotra, qui vampirise l’intégralité du show par sa présence, et le choix très judicieux pour les seconds rôles que sont Sac-à-Souris, Stregobor, Renfri, la reine Calanthe et la rectrice Tissaia.