J’ai tenu deux saisons avant de voir que le concept ne pouvait tant durer. Franchement c’est pas très attirant au départ, encore moins quand Mme Bush dit qu’elle est une desperate housewife, mais le casting étant bon, l’identification facile de par les différentes personnalités présentées, les hommes ne sont pas absents, les histoires étaient inhabituelles, suivant des personnages sans rien de particulier… bref une petite chronique de la vie quotidienne avec un élément déclencheur créant une déferlante qui change tout, c’est plus sympa vu ainsi non ?
Sauf qu’on arrive là au souci principal. Si la série n’avait duré que deux saisons, les évènements auraient pu coller, ça partait loin tout en restant réaliste un minimum, mais là, 8 saisons comme ça… On a donc dans une bourgade :
suicide, maison brulée, adultères, tromperies dans tous les sens, un meurtrier jaloux (le pharmacien), un ancien mafieux, un fils qui n’est pas celui de son père mais du mafieux qui miraculeusement arrive dans le même coin, avec un grand père qui veut se venger de la mort de sa fille, une vieille qui découvre les infidélités de sa bru avec son jeune jardinier et qui se fait renverser, le conducteur étant couvert par sa mère, comme le meurtre de fin du père de Gabrielle, comme cette autre femme cachant son fils ainé tandis que son cadet découche avec une autre fille du voisinage (avec la pirouette de fin de saison qui fait que le meurtrier n’était pas celui qu’on croyait), pot au rose dévoilé lors du procès de Carlos qui en plus fait des malversations et gruge la pilule de sa femme pour avoir des enfants…
et encore je n’ai pas tout vu. J’habitais dans une tour de 30 étages avec 10 appartements par escalier et il n’y a jamais eu tout ça réuni, exceptionnel donc, extraordinaire même, réaliste non.
Voilà pourquoi il ne faut pas faire durer ce genre de série, on est obligé d’aller dans le graveleux et dans le sensationnel pour garder l’audimat, quitte à rogner sur le réalisme d’origine. Malgré l’histoire qui se défausse, le reste passe bien : les épisodes ne sont pas répétitifs, la trame principale se poursuit allègrement (même si à la fin on ne sait pas tout), la mise en scène est claire même après le bond dans le futur (novateur comme procédé), la musique est bonne (surtout celle du générique, merci Elfman), les décors passent bien, les dialogues (en VF en tout cas) ne sont pas ratés, quelques touches d’humour saupoudrées par ci par là (surtout lors des 1ères saisons), un rythme qui tient malgré de nombreuses longueurs… Le côté féministe plait ou pas par contre, pour ma part je n’ai pas adoré mais je trouvais bien que cela existe.
Du bon aussi donc, sans oublier des actrices pratiquement inconnues jusqu’alors, excepté Teri Hatcher engagée plus chère pour rameuter le populo sur le nom d’une star, mais qui se sont révélées très à l’aise et capables (mention spéciale à Bree, jouer la rigide ainsi c’est fort). Au final pas mal de bonnes choses, de moins réjouissantes aussi, mais un ensemble qui se tient et qui a eu le mérite d’innover, ça mérite un peu mieux que la moyenne.