SPOILER INSIDE... NE PAS LIRE SI VOUS N4AVEZ PAS VU LE DERNIER EPISODE
L'épisode 10 de la série vient de se clore sur un final en jeu de miroir, reflet du pilote, tant dans la forme que sur le fond.
La marche inexorable du destin amène le spectateur en tension vers le drame prévisible mais inéluctable, pour s'achever sur un jeune s'étranglant dans son sang...
Pour un peu la symétrie pourrait même s'envisager avec pour point de bascule la mort du maitre chanteur. Cette dernière est également celle des idéaux du juge Desiato condamnant en un mot un homme qui, pour crapule qu'il est, ne méritait certainement pas d'être livré au bourreau ...
Alors, la série mérite-t-elle les louanges qu'elle recueille et les critiques qu'elle essuie ?
Allons à la barre, Votre Honneur...
" I swear to tell the truth, the whole truth, and nothing but the truth"
Pour ce qui est des critiques, je vais écarter les réquisitoires assassins parlant de "nullité " sans se donner la peine d'argumenter, procédé facile, mais qui permet de briller tant il est de bon ton de piétiner de son snobisme ce qu'apprécie la plèbe...
D'autres procureurs, plus soucieux d'éthique et de procédure, la condamnent au titre de facilités scénaristiques.
J'ai notamment retenu celle faisant état du fait qu'un simple prélèvement ADN sur la ventoline eut permis de terminer la série à l'épisode 1...
Oui, certainement ... mais alors dans CSI: Clermont-Ferrand... ou plutôt CSI Clermont -Ferrand 2099...
En effet, à moins que le monde ne soit plus orwellien que je ne le soupçonne (et croyez-moi, je peux être parano), tous les citoyens ne sont a priori pas fichés à la naissance. Donc à moins qu'Adam n'ait déjà fait l'objet d'un tel prélèvement lors d'une interpellation, cela ne servirait à rien...
Accessoirement, il est peu probable que l'on fasse des recherches d'empreintes/ADN sur les lieux d'un "hit-and-run", à moins d'envisager un pervers se soulageant sur les lieux de ses forfaits mais... comment ça objection ?
Ah oui, nous sommes sur un site de grande audience, pardon Votre Honneur...
De même à moins de réquisitionner un camion-benne pour ramasser tous les détritus alentours, collecter les ventolines et autres mégots risquerait d'être fastidieux ...
Et quand bien même, là encore, il faudrait qu'Adam soit fiché (a-t-il seulement un passeport biométrique ?)
Donc à moins d'un conducteur cannibale laissant des empreintes de dents dans sa malheureuse victime, la solution "forensic" en un claquement de doigt me parait compromise...
Pour être plus sérieux, je concède à l'accusation que le fait que l'homme de main bloque sur un tube de ventoline abandonné puisse paraitre un brin facile, ceci dit...
Pour le reste, les manigances de Desiato dans sa salle de tribunal fonctionnent, ou du moins ont convaincu le spectateur naïf qui sommeille en moi, tout disposé que je suis à suspendre volontairement mon incrédulité au vestiaire de la cour...
Alors, Your Honor est-elle originale ?
Forcément, voir Bryan Cranston camper un homme intègre écrasé par la main du destin, obligé de renier tous ses principes pour défendre sa famille, en plongeant dans un milieu de requins dans lequel il va se débattre, survivre et peut-être même tirer son épingle du jeu, ne peut que faire écho à son rôle inoubliable de Walter White ( et de père angoissé dans Malcolm, mais là je m’égare ^_^…)
De même, le principe de la rustine pour colmater les fuites de la chambre à air de la roue karmique, avec boule de neige, étau qui se resserre et dommages collatéraux en cascade nous ramène également à d'autres précurseurs du genre, tels The Shield ou Sons of Anarchy par exemple...
Enfin les petites touches de peinture sociale avec le traitement des ghettos noirs de la Nouvelle-Orléans et de l'engrenage mortifère des gangs pourrait puiser son inspiration dans la radioscopie de Baltimore proposée dans The Wire, dont on retrouve d'ailleurs l'un des protagonistes en la personne de Charlie (Clayton Davis et son inoubliable "shit à rallonge)
Opérant la synthèse de ces séries, Your Honor propose 10 épisodes emballés dans une réalisation soignée aux images léchées et à la BO prenante. Les acteurs sont pour la plupart solides, mon seul bémol étant le personnage de Jimmy Baxter sorte d'hybride canaricide de Joe Pesci mâtiné de Joaquin Phoenix saupoudré de DeNiro prognathe peinant à convaincre eu égard à son jeu un brin outrancier.
Pour conclure cette plaidoirie, il est tout à fait envisageable de s'arrêter sur cette ultime épisode qui, comme dit en préambule peut constituer une fin satisfaisante d'un point de vue dramatique.
Néanmoins, de nombreux enjeux en suspens justifient tout à fait une suite : en vrac le devenir de Eugène, l'élection de Charlie et en corollaire le nettoyage du NOPD, la collision à venir entre Jimmy Baxter et sa fille, la punition de Carlo Baxter, le mystère de l'amant de feu Mrs Desiato semble-t-il lié au gang Desire, et j’en oublie sûrement ...
Je réserverai donc mon verdict final jusqu'à ce que la série soit terminée, mais pour l'heure, ne boudons pas notre plaisir, je plaide pour la libération sous caution de son équipe pour faire appel d'une deuxième saison que j'attends de pied ferme…